Zurich (awp) - L'action Stadler Rail était vouée aux gémonies à la Bourse suisse jeudi matin. La direction de l'industriel thurgovien a renversé la vapeur mercredi soir sur ses ambitions pour l'année en cours, suspendant celles pour les deux prochaines années le temps d'y voir plus clair.

Le constructeur de matériel roulant blâme pêle-mêle les intempéries qui se sont abattues ces derniers temps sur ses sites ou ceux de ses sous-traitants dans la région de Valence, en Valais et en Basse-Autriche, ainsi qu'un vieux recours de son éternel rival Alstom sur un appel d'offres berlinois.

A 10h18, la nominative Stadler Rail décochait de 10% à 20,10 francs suisses, lanterne rouge d'un SPI en retrait de 0,23%.

L'industriel considère ne plus être en mesure de réaliser cette année le chiffre d'affaires ambitionné de 3,5 à 3,7 milliards de francs suisses. La marge opérationnelle (Ebit) doit conséquemment s'étioler encore d'un maximum de deux points de pourcentage, à comparer avec les 5,1% dégagés l'an dernier. Si une part du manque à gagner doit refaire surface l'année prochaine, Stadler avoue ignorer dans quelle ampleur.

Visibilité nulle

L'impact de ces déboires sur les performances du groupe sur les deux prochaines années demeurant à ce stade incalculable, Stadler se résout à biffer sa feuille de route à moyen-terme également. L'établissement du budget pour l'année prochaine et l'élaboration d'une nouvelle feuille de route à l'horizon 2027 sont agendés au premier trimestre 2025.

Se targuant d'un carnet d'ordre inédit dans l'histoire de l'entreprise, la direction assure avoir pris l'ensemble des mesures nécessaires pour rattraper le temps perdu et le manque à gagner induit par les intempéries.

"Stadler a peiné ces dernières années à convaincre de sa capacité à convertir ses gigantesques réserves de travail sur plusieurs années en flux de trésorerie", tacle dans un commentaire matinal Michael Foeth. L'expert de Vontobel constate au passage que l'outil de production diversifié du groupe de Bussnang ne l'immunise par complètement contre des imprévus tels que les intempéries et suspend momentanément sa couverture d'un titre qu'il recommandait jusqu'ici à l'achat.

Bernd Laux, pour la Banque cantonale de Zurich (ZKB), considère le rétropédalage comme un demi-surprise. L'un dans l'autre, l'analyste calcule que le résultat opérationnel cette année risque de plafonner à la moitié seulement de son objectif désormais oblitéré, mais campe sur son appréciation neutre de l'action.

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