Bombay (awp/afp) - Les marchés semblaient rassurés mardi par le conglomérat du magnat indien Gautam Adani au lendemain de son annonce de remboursement anticipé de plus d'un milliard de dollars de prêts, permettant au titre Adani Enterprises de se ressaisir.

"Les marchés sont heureux qu'ils aient remboursé par anticipation une grande partie de leurs emprunts. C'est un signe de confiance rafraîchissant", a déclaré à l'AFP un analyste, Srinath Sridharan.

Lundi, le conglomérat a annoncé le remboursement anticipé d'une facilité de crédit de 1,1 milliard de dollars arrivant à échéance en septembre 2024, dans le but de rassurer les investisseurs.

Le titre Adani Enterprises, dont la cotation a été plusieurs fois suspendue mardi à la Bourse de Bombay, après des envolées allant jusqu'à 25%, a terminé la séance en hausse de 14,63% à 1.802,05 roupies (21,80 dollars).

L'annonce du remboursement anticipé est survenue après que le quotidien The Economic Times a rapporté qu'après le Credit Suisse et l'américain Citigroup, le britannique Standard Chartered n'acceptait plus les obligations Adani comme garantie pour les prêts sur marge accordés aux clients de sa banque privée.

Selon des traders, les investisseurs vont examiner de près les résultats de plusieurs entreprises d'Adani attendus cette semaine, en quête d'indices sur leur santé financière.

Le groupe a récupéré un peu de ses pertes estimées à environ 112 milliards de dollars en valeur mardi, selon Bloomberg.

Adani Ports rembourse aussi

Adani Ports, dont le titre a fini mardi dans le vert, a annoncé après la clôture de la Bourse, un remboursement d'environ 50 milliards de roupies de dette (605 millions de dollars) et la réduction de moitié de ses dépenses d'investissement au cours du prochain exercice financier.

En revanche, l'action d'Adani Total Gas, dont le géant pétrolier français TotalEnergies détient 37,4% de parts, a fini la séance en recul de 5%.

La débâcle boursière du groupe a immédiatement suivi la publication le 24 janvier du rapport Hindenburg Research, faisant état de "manipulation éhontée des actions" et de "fraude comptable sur plusieurs décennies".

Le conglomérat a rejeté ces accusations, dans un communiqué de 413 pages, dénonçant une attaque "malveillante" contre sa réputation.

La fortune du magnat, estimée à 127 milliards de dollars et qui faisait de lui le troisième homme le plus riche du monde, a fondu en une semaine de plus de la moitié.

Gautam Adani, fondateur du conglomérat, âgé de 60 ans, se retrouve avec 63 milliards de dollars mardi au 17e rang du classement des plus grandes fortunes mondiales établi par le magazine Forbes en temps réel.

Outre les pertes du groupe en Bourse, l'annulation d'une offre publique de suivi (FPO) la semaine dernière a suscité des inquiétudes quant à sa capacité à trouver de nouveaux financements pour rembourser ses dettes.

Cette vente d'actions était censée contribuer à réduire les niveaux d'endettement préoccupants de l'entreprise et à restaurer la confiance en élargissant sa base d'actionnaires.

"la vraie magie"

Selon Fitch Ratings mardi, "l'exposition des banques indiennes au groupe Adani est insuffisante en soi pour présenter un risque substantiel pour le profil de crédit autonome des banques."

Lundi les participants à des manifestations, notamment à New Delhi et à Bombay, organisées par le principal parti d'opposition indien, le Congrès, ont exigé que la Banque centrale et les autorités de régulation diligentent une "enquête sérieuse" sur les accusations de fraude en question.

L'opposition estime que les liens étroits de M. Adani avec le Premier ministre Narendra Modi, tous deux originaires de l'État du Gujarat, lui ont permis de remporter des contrats de manière déloyale et d'éviter une surveillance appropriée.

La session du Parlement a été ajournée à plusieurs fois reprises ces derniers jours, les partis d'opposition exigeant vivement une enquête sur les liens entre les deux hommes.

Rahul Gandhi, membre du Congrès, a déclaré au Parlement, qu'en raison de ces liens, les entreprises d'Adani ont bénéficié d'"une croissance et une expansion énormes" au Gujarat quand M. Modi était à la tête de l'Etat.

"Puis la vraie magie a commencé en 2014 lorsque Modi est arrivé à Delhi (en tant que Premier ministre) et Adani -- qui était alors au 609e rang du classement mondial des plus fortunés -- est parvenu au deuxième rang en quelques années", a-t-il ajouté.

afp/rp