La thérapie de choc était rendue urgemment nécessaire par un pénible paradigme : malgré une croissance satisfaisante — le chiffre d’affaires est passé de $11.3 à $15.4 milliards sur la dernière décennie — les marges ont connu une érosion continue, faute de pricing power face à une concurrence pléthorique et moins chère.

Propriétaire des célèbres marques DeWalt, Craftsman, Stanley, Black+Decker et autres, le groupe basé dans le Maryland n’a pas été en mesure de faire valoir son héritage et son positionnement premium dans le coeur du public. En conséquence, malgré la nette expansion de son chiffre d’affaires, son profit d’exploitation était en 2024 plus bas qu’il ne l’était dix ans plus tôt. 

Comme beaucoup d’équipementiers et de distributeurs liés aux secteurs de la construction et de la consommation discrétionnaire, Stanley Black & Decker ne s’est pas bien remis de la pandémie. Le décrochage est évident depuis 2022 ; cette année-là, pour la première fois de son histoire, un ajustement du fonds de roulement entraînait le cash-flow profondément dans le rouge.

Malgré ces difficultés et une gestion parfois hasardeuse sur le dernier cycle, Stanley Black & Decker est un aristocrate du dividende réputé sur la cote américaine. Son dividende par action a en effet augmenté de manière ininterrompue sur les cinquante-sept dernières années ; et malgré la compression des marges, cette distribution reste en l’état correctement couverte par le cash-flow.

A ce titre, il pourrait faire sens de parier sur le succès du plan de restructuration. Sur vingt ans, la marge nette du groupe est de 7%. Si le groupe y revenait, il pourrait produire dans un horizon de deux ans un résultat net d’au moins $1.1 milliard. Difficile dans ces conditions de ne pas trouver la valorisation du moment — $11 milliards de capitalisation boursière — attractive.

Surtout lorsqu’on songe qu’avant la pandémie Stanley Black & Decker était valorisé en bourse à une moyenne de x21 son profit, et qu’à ce cours le titre assure un rendement sur dividende de 4.6% à ses actionnaires prêts à patienter.