New York (awp/afp) - Le patron historique de Starbucks Howard Schultz va revenir temporairement aux commandes de la chaîne de cafés toujours en expansion mais qui fait aussi face aux difficultés liées à la pandémie et à la grogne de ses salariés américains.

L'actuel directeur général, Kevin Johnson, quittera ses fonctions le 4 avril après cinq ans à son poste, et le groupe prévoit de nommer un nouveau dirigeant d'ici cet automne, détaille un communiqué.

En attendant, M. Schultz, 68 ans, va reprendre la gestion au quotidien du groupe et de ses plus de 34.000 cafés dans le monde.

"Je n'avais pas prévu de retourner chez Starbucks, mais je sais que l'entreprise doit se transformer une fois de plus pour faire face à un avenir nouveau et passionnant où toutes nos parties prenantes s'épanouissent mutuellement", a-t-il commenté, cité dans le communiqué.

Ce n'est pas la première fois que ce dirigeant connu pour sa fibre sociale et tenté en 2020 de se présenter à l'élection présidentielle américaine, est rappelé à l'aide.

Après avoir engagé l'expansion de Starbucks dans les années 1980 et 1990, il avait quitté son poste de directeur général en 2000, pour y revenir huit ans plus tard, jusqu'à son remplacement par M. Johnson.

Fibre sociale

A la tête d'une fortune de 4,2 milliards de dollars selon le magazine Forbes, M. Schultz a choisi de ne pas être rémunéré durant son intérim et recevra 1 dollar symbolique.

Ce dirigeant aux origines modestes a été l'un des premiers à accorder la couverture santé et des stock-options à tous ses employés, même ceux travaillant à mi-temps.

Il a aussi pris position sur des questions de société comme les inégalités raciales et le mariage homosexuel.

Il reprend la tête de l'entreprise, créée en 1971, au moment où de plus en plus d'employés cherchent à se syndiquer.

Souhaitant faire entendre plus clairement leurs revendications, les salariés de deux cafés de Buffalo, dans le nord des Etats-Unis, ont voté en décembre pour la création d'un syndicat, une première dans des établissements directement gérés par la chaîne aux Etats-Unis.

Ils ont fait des émules et des employés de plus de 130 Starbucks ont depuis demandé l'organisation d'un scrutin.

La direction avait pourtant mobilisé de grands moyens pour tenter de les dissuader, envoyant un nombre important de cadres dans la zone, convoquant les employés à plusieurs réunions et multipliant les recours judiciaires.

L'agence américaine en charge du droit du travail NLRB a déposé une plainte mardi accusant l'entreprise d'avoir engagé des représailles à l'encontre d'employés d'un café en Arizona, cherchant à se syndicaliser.

Un groupe d'investisseurs a, dans une lettre rendue publique mardi, mis en avant les "risques pour la réputation" posés par les tactiques antisyndicales utilisées par l'entreprise.

La présidente du conseil d'administration Mellody Hobson a répété mercredi lors de l'assemblée générale de l'entreprise le message asséné ces derniers mois: Starbucks reconnait le droit de ses salariés à se syndiquer mais privilégie un dialogue "direct" avec ses collaborateurs.

Le chiffre d'affaires de l'entreprise célèbre pour ses cafés à emporter n'a parallèlement jamais été aussi élevé, atteignant 29 milliards de dollars sur l'année comptable se terminant fin octobre.

Le groupe doit cependant compter avec l'inflation, des dépenses supplémentaires liées au coronavirus et un marché du travail tendu. Les prix à la carte ont été augmentés à plusieurs reprises ces derniers mois.

Kevin Johnson, 61 ans, a souligné dans le communiqué avoir fait part il y a environ un an au conseil d'administration de son intention de partir quand la pandémie prendrait fin et un cabinet de recrutement a été engagé dès 2021.

Il avait rejoint l'entreprise en 2009 pour siéger au conseil d'administration avant de devenir chef des opérations en 2015 puis directeur général en 2017.

A Wall Street, Starbucks prenait près de 5% en fin de séance.

Le retour de M. Schultz est un élément "positif" pour l'action, sous pression depuis le début de l'année, selon les analystes de la banque d'investissement Cowen.

Le groupe compte plusieurs dirigeants solides pouvant reprendre la main mais "le retentissement public du mouvement de syndicalisation" pousse sans doute Starbucks à chercher un nouveau patron en externe, avancent-ils.

afp/rp