Paris (awp/afp) - Fermetures d'usines, plans sociaux, baisse des salaires: le secteur de l'automobile connaît un coup de frein planétaire, et les annonces de suppressions de postes, chez les constructeurs comme chez les équipementiers, se multiplient.

Le ralentissement du marché et la concurrence nouvelle des marques asiatiques, et notamment chinoises, bouscule l'équilibre économique des poids lourds historiques européens, japonais et américains, contraints de ralentir leur production, baisser leurs coûts et rehausser leur productivité.

Les constructeurs dans la tourmente

Le constructeur japonais Nissan a indiqué jeudi qu'il allait supprimer 9.000 postes dans ses effectifs mondiaux et tailler dans ses capacités de production.

Jeudi aussi, le géant franco-italo-américain aux multiples marques Stellantis, dont les ventes ont baissé de plus de 27% au troisième trimestre, a annoncé qu'il allait licencier 1.100 personnes dans son usine Jeep en Ohio, aux Etats-Unis.

Depuis la fusion entre Peugeot-Citroën et Fiat Chrysler en 2021, les effectifs de Stellantis en Italie ont été réduits de plus de 10.000 personnes, à environ 40.000.

En France, dans les usines de Poissy, Douvrin, Caen, les jours de chômage partiel se sont multipliés depuis le début de l'année.

Les usines françaises de Stellantis seront fixées sur leur sort mi-novembre, au moment où elles recevront leur plan de production à trois ans, mais certaines ont déjà taillé dans les effectifs, comme fin octobre à Rennes (250 postes d'intérimaires supprimés) ou à Mulhouse début janvier (600).

Fleuron en crise de l'économie allemande, le constructeur Volkswagen prépare un plan d'économies sans précédent dans son histoire qui ouvre la porte à des fermetures d'usines en Allemagne ainsi qu'à des licenciements secs de salariés.

Avant d'en arriver là, le premier groupe automobile européen a annoncé fin octobre un plan de réduction de 10% des salaires et une révision du système de primes afin de redresser une partie de sa compétitivité.

Aucun projet de fermeture d'usine n'a jusqu'à présent été formellement mentionné par Volkswagen à la presse, mais le groupe "maintient sa menace de fermeture d'usines et de suppressions drastiques d'emplois", affirme le syndicat IG Metall.

En avril dernier, le constructeur américain Tesla, spécialiste des moyens de transport électriques, annonçait en interne la suppression de plus de 10% de ses effectifs mondiaux, soit quelque 14.000 personnes.

Les équipementiers en panne

Par ricochet, les équipementiers des constructeurs automobiles subissent à leur tour le ralentissement du secteur.

Mardi, c'est le fabricant français de pneus Michelin qui a annoncé la fermeture avant 2026 de ses usines de Cholet et Vannes, dans l'ouest de la France, où travaillent 1.254 salariés.

La fermeture est devenue "inéluctable" en raison de la concurrence asiatique sur les pneus de camionnettes et poids lourds, les secteurs des deux usines, mais aussi de la "dégradation de la compétitivité de l'Europe", a indiqué la direction du groupe français.

Son alter ego allemand Continental a aussi annoncé début 2024 la suppression de 7.150 postes dans le monde, dans le cadre d'un plan d'économies visant à accroître sa compétitivité pour la transition délicate vers la mobilité électrique.

L'équipementier automobile allemand Schaeffler, spécialiste des roulements pour l'industrie automobile, a annoncé mardi la suppression de 4.700 emplois en Europe, un mois après sa fusion avec l'équipementier Vitesco, fabricant de transmissions.

Schaeffler n'est pas le seul à réduire la voilure en Allemagne: Bosch a annoncé ces derniers mois plusieurs volets de suppressions d'emplois dans le monde, affectant quelque 7.000 postes au total, les sites allemands devant être les plus concernés.

L'équipementier ZF a quant à lui annoncé vouloir supprimer jusqu'à un quart de ses effectifs dans le pays, soit 14.000 postes, invoquant le défi de la compétitivité.

Concernant les batteries, le Suédois Northvolt a fait savoir fin septembre qu'il allait supprimer 1.600 emplois sur 6.500 et geler le développement de son principal site de production, à Skelleftea dans le nord du pays, pour s'adapter à une situation financière tendue.

Au premier semestre 2024, 32.000 suppressions de postes en Europe ont été annoncées, soit plus que pendant la pandémie de Covid, chez les fournisseurs des constructeurs automobiles, qui emploient 1,7 million de salariés sur le Vieux continent.

afp/rp