Paris (awp/afp) - Les constructeurs automobiles ont publié des résultats décevants au premier semestre, freinés par des ventes atones et une concurrence accrue.
Les constructeurs avaient connu quelques années de vents favorables pour leurs profits favorisés pendant la pandémie de Covid par des pénuries de voitures qui leur permettaient de maintenir des prix élevés.
Mais dans un contexte économique difficile, les ventes d'automobile sont restées faibles au premier semestre en Europe et en Amérique du Nord. Plusieurs groupes occidentaux sont aussi en difficulté en Chine, où les groupes locaux surproduisent et cassent les prix.
Période de transition
Le quatrième constructeur mondial Stellantis, qui avait enchaîné les profits record depuis sa fondation en 2021, a vu son bénéfice net divisé par deux au premier semestre.
Stellantis passe par une "période de transition très chahutée", a commenté jeudi le directeur général du constructeur, Carlos Tavares, lors d'une conférence de presse.
Mais le constructeur aux quatorze marques compte se rétablir dès le second semestre avec une gamme de 20 nouveaux véhicules et un profond travail sur ses tarifs aux Etats-Unis.
Ford a été affecté par des problèmes de qualité, et prévoit une lourde perte annuelle de 5 à 5,5 milliards de dollars sur l'année 2024 dans les véhicules électriques.
Même le constructeur automobile américain Tesla, qui affichait des marges enviées de tout le secteur, a vu son bénéfice net fondre au deuxième trimestre, dans un contexte de prix bas et de concurrence accrue de la part des constructeurs traditionnels sur les voitures électriques.
Il va se concentrer sur la réduction des coûts, et a avancé au premier semestre 2025 l'horizon de sortie de ses nouveaux modèles, y compris des véhicules meilleur marché.
Le constructeur de voitures de sport Porsche a également annoncé mercredi un programme de réduction des coûts après un recul des ventes en Chine, rupture de livraison liée à une inondation chez un fournisseur, et un marché électrique décevant.
Les actions de la plupart des constructeurs ont plongé à la Bourse. "Le secteur automobile est en berne depuis quelques mois et aujourd'hui on sanctionne les résultats, pour Renault, Stellantis, ou STMicroelectronics", a commenté Marie Cecchini, gérante de portefeuilles chez Amplegest.
Renault et Volvo à contre-courant
Nissan a aussi rencontré un premier trimestre "très difficile", selon son PDG Makoto Uchida. "Les bénéfices ont été affectés par l'augmentation des incitations à la vente et des dépenses de marketing pour faire face à une concurrence commerciale intense et optimiser les stocks", en particulier aux Etats-Unis, a expliqué le groupe.
Troisième membre de l'Alliance Renault-Nissan, Mitsubishi a souffert aussi. "La concurrence revient au niveau d'avant car les contraintes de production dues à une pénurie de semi-conducteurs et d'autres pièces ont été résolues" tandis que la demande reste "atone" dans certains pays clés, a expliqué la société japonaise dans un communiqué.
Seuls quelques groupes sortent pour le moment de ce semestre avec des sourires sur les calandres.
General Motors a enregistré une forte croissance de ses pick-up Sierra (sous marque GMC), Colorado et Silverado (sous marque Chevrolet), qui compense largement des volumes moindres de véhicules électriques.
Renault a publié une rentabilité record de ses activités au premier semestre: le groupe a continué à vendre ses voitures (Renault, Dacia, Alpine) plus cher, mais il est freiné par des taux de change pénalisants en Argentine notamment, ainsi que par d'importants déstockages des concessionnaires.
Le Sino-Suédois Volvo a aussi enregistré un bond de 60% de son bénéfice net au deuxième trimestre, grâce à une hausse des volumes vendus, notamment électriques, et un moindre coût des matières premières.
afp/rp