Pourquoi Stellantis baisse ?
Le constructeur a surpris tout le monde avec des chiffres bien en dessous des attentes. Commençons par le chiffre d’affaires. Le constructeur a récolté 85,02 Mds€ de revenus. C’est 2 Mds€ de moins que ce qui était attendu par les analystes. Le résultat d’exploitation ressort à 8,46 Mds€ contre une estimation du consensus Bloomberg de 8,94 Mds€. L’élément le plus mauvais de la publication provient du flux de trésorerie disponible industriel, un indicateur clé du secteur, qui est négatif à -392 M€. Les spécialistes du dossier avaient une estimation positive de 1,78 Md€. Concernant cette métrique, Stellantis a été touché par une évolution négative du fonds de roulement et des dépenses d’investissement (les fameux “Capex” pour capital expenditures) plus élevées que prévu.
Certes la base de comparaison par rapport à l’an dernier était élevée. On savait que les résultats devaient se situer un ton en dessous de ceux du premier semestre de l’an dernier. Or, même en se basant sur des hypothèses basses, Stellantis a déçu. Le chiffre d’affaires est par exemple en baisse de 14% par rapport au S1 2023 tandis que le résultat net s'effondre de 48% (!). On l’aura compris, la rentabilité a souffert et la marge opérationnelle courante tient tout juste les 10%. Les volumes des ventes (2,87 millions de véhicules vendus toutes marques confondues contre 3,2 millions à la même période l’an dernier) et le mix ont reculé (principalement en Europe et en Amérique du Nord) et le groupe a pu constater des effets de change défavorables et des frais de restructuration plus élevés qu’attendu.
Un lot de consolation est toutefois à signaler pour les investisseurs. L’objectif de retourner 7,7 Mds€ d’ici la fin de l’année aux actionnaires est en bonne voie étant donné que 6,7 Mds€ ont déjà été alloués à ces derniers, dont 3 Mds€ sous forme de rachats d’actions.
Quels enseignements en tirer ?
Carlos Tavares, le PDG du conglomérat aux 14 marques le dit lui même : “la performance de la société au cours du premier semestre n’a pas été à la hauteur de nos attentes”. Le contexte économique est difficile et l’entreprise rencontre des problèmes opérationnels plus importants que prévu. Pourtant, le patron s’est voulu rassurant et assure que les deux principaux objectifs financiers seront tenus, à savoir une marge d’exploitation ajustée à deux chiffres (10% donc sur le S1, ça tient jusque là) et une free cash flow industriel positif. C’est indéniable, la fin d’année devra être sportive. Stellantis mise notamment sur une réduction de coûts de 500 M€ au second semestre et la non répétition de la grève dans les usines en Amérique du Nord ainsi qu’en optimisant la stratégie de production dans les pays où les coûts de production sont les plus avantageux. N’oublions toutefois pas que le secteur fait face à diverses pressions notamment sur les prix à cause de l’arrivée des constructeurs chinois sur plusieurs continents et de la baisse générale du pouvoir d’achat.