PARIS/MILAN (Reuters) - Une hausse du prix de vente de ses voitures et une demande robuste des consommateurs aideront Stellantis à afficher cette année une performance solide malgré l'aggravation attendue de la pénurie de semi-conducteurs au deuxième trimestre, a dit mercredi le quatrième groupe automobile mondial.

Le directeur financier du constructeur né mi-janvier de la fusion entre PSA et FCA, Richard Palmer, a également confirmé que Stellantis s'attendait à atteindre cette année ses objectifs européens de CO2 sans avoir recours à l'achat de crédits d'émission auprès de Tesla, une économie qui aura aussi un effet positif sur les résultats.

"Il est clair que le fait que nous ne devions plus payer Tesla va contribuer à améliorer davantage encore notre performance en Europe", a-t-il dit lors d'une conférence analystes organisée après la publication d'un chiffre d'affaires supérieur aux attentes.

L'action Stellantis a clôturé en forte hausse de 7% à 14,9 euros.

"Malgré les déclarations sur une intensification, déjà attendue, de la pénurie de semi-conducteurs au deuxième trimestre, nous restons positifs sur l'exercice", commente Citi dans une note. "La direction a répété sa prévision de marge d'exploitation annuelle de 5,5%-7,5%, mais il est probable que Stellantis soit en avance sur ses objectifs en terme de profitabilité."

Le constructeur franco-italo-américain a fait état d'une hausse de 14% de son chiffre d'affaires proforma au premier trimestre grâce à la demande pour ses modèles les plus rentables en Europe et surtout sur le continent américain, qui a contribué pour les trois-quarts à l'effet prix positif du trimestre.

Le groupe automobile a réalisé sur les trois premiers mois de l'année un chiffre d'affaires de 36,999 milliards d'euros grâce à des best-sellers très rémunérateurs comme le Peugeot 3008 ou le nouveau Chrysler Voyager.

En volume, les ventes ont progressé de 12% à 1,618 million de véhicules malgré la perte en production de 190.000 unités liée à la crise des puces, venue freiner les tentatives de rebond post-Covid.

L'impact devrait être plus lourd encore au deuxième trimestre, avant une amélioration au second semestre.

"Bien que nous nous attendions à ce que le problème de la chaîne d'approvisionnement en puces s'atténue d'ici la fin de l'année, on ne peut pas clairement affirmer qu'il sera entièrement résolu en 2021", a déclaré le directeur financier Richard Palmer, cette fois au cours d'une téléconférence de presse.

"Il est possible que pour l'industrie automobile mondiale, le problème déborde sur 2022."

La crise des puces a renforcé au passage la stratégie de Carlos Tavares visant à mettre l'accent sur les produits les plus rémunérateurs, comme l'a montré le choix de privilégier le SUV 3008 sur la berline 308 en fin de vie pour l'approvisionnement de puces dernier cri.

Le rapprochement entre PSA et FCA doit permettre d'importantes économies d'échelle qui aideront à financer les investissements requis par la course effrénée à l'électrification, et à l'ex-PSA à accélérer son internationalisation grâce aux positions de l'ex-FCA en Amérique du Nord et latine.

Au premier trimestre, le nouveau Stellantis revendique ainsi la position de leader en Europe avec une part de marché de 23,6%, ainsi qu'en Amérique du Sud (22,2%).

"La fusion des deux entreprises a forgé une activité qui a une forte présence dans ses trois régions principales", a indiqué Richard Palmer, soulignant au passage que la crise des puces, venue s'ajouter à celle du coronavirus, n'avait pas freiné le rapprochement entre PSA et FCA et que le nouveau groupe était en ligne avec ses objectifs de synergies.

"Le plan d'intégration avance extrêmement positivement, c'est un secteur dur et nos équipes sont habituées à gérer la complexité", a-t-il ajouté.

(Avec Nick Carey à Londres, édité par Blandine Hénault)

par Gilles Guillaume et Giulio Piovaccari