Les semi-conducteurs. Un secteur censé être le premier bénéficiaire de l’intelligence artificielle, étant le vendeur de pelles et de pioches de la prochaine révolution technologique. Un secteur qui fait penser à Nvidia et son parcours boursier extraordinaire. Mais en Europe, les valeurs du secteur ont été malmenées au cours des derniers trimestres. En effet, toutes les entreprises du secteur ne vendent pas des GPU aux Microsoft et autres Google de ce monde. Et la géopolitique pèse.

Ralentissement dans l’automobile

En Europe, le secteur automobile est en difficulté. En témoignent les chiffres français publiés ce matin. Les ventes de voiture neuves ont baissé de 3.2% en 2024. La stratégie de montée en gamme des constructeurs a clairement montré ses limites. Si elle a permis d’améliorer les marges, les voitures neuves sont désormais inaccessibles pour beaucoup de ménages et les volumes baissent. D’autant plus que la concurrence chinoise est féroce, notamment sur l’électrique.

Résultat, les commandes de semi-conducteurs pour l’automobile ont fortement diminué. Or, certains acteurs européens sont très exposés à ce secteur. C’est le cas, par exemple, de STMicroelectronics, dont le chiffre d’affaires dépend à 45% de l’automobile. Résultat, un cours de bourse divisé par deux depuis son point haut de l’été 2023 à 50 euros.

L’allemand Infineon, qui a la même exposition au secteur automobile, a perdu 20% sur la même période. L’équipementier Soitec a, quant à lui, la même trajectoire boursière que STMicroelectronics, avec un cours de bourse divisé par deux depuis l’été 2023. Soitec a notamment subi la faible demande pour les PC et smartphones. Après le boom de la période Covid, le rebond des ventes se fait toujours attendre pour ces équipements.

Restrictions d’exportations

Début décembre, les Etats-Unis ont dévoilé une nouvelle série de mesures visant à limiter les exportations des technologies les plus avancées de semi-conducteurs vers la Chine, la troisième en trois ans. Cette dernière série pourrait notamment toucher l’équipementier ASM International. L’autre valeur néerlandaise du secteur, ASML, fabricant de machines de lithographie, fait déjà l’objet de restrictions d’exportations, imposées par son propre gouvernement début septembre, sous la pression américaine.

Par ailleurs, ASML avait chuté de 15% suite à ses résultats du troisième trimestre. Publiés par erreur un jour avant la date prévue, ceux-ci ont déçu les investisseurs. Les prises de commandes étaient inférieures aux attentes du marché, ce qui se paye cash pour une entreprise dont les multiples de valorisation sont élevés. Malgré tout, ASML reste optimiste pour l’avenir. L’entreprise de Veldhoven prévoit une croissance de 8 à 14% par an de son chiffre d’affaires jusqu’en 2030, porté par l’essor de l’intelligence artificielle et la demande pour sa machine de dernière génération (High-NA EUV) …à 350 millions d’euros pièce.