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WASHINGTON (awp/afp) - En Ukraine, la ligne de front ne bouge plus guère -- et seulement au prix de nombreuses vies --, une situation à laquelle les alliés de Kiev souhaitent remédier en lui fournissant les blindés nécessaires à une nouvelle contre-offensive.

Face au renforcement des défenses russes, qui rendent plus difficile la reconquête, l'Ukraine a salué ces promesses de livraison d'équipement, tout en exhortant ses soutiens à suivre l'exemple du Royaume-Uni et lui fournir des chars lourds de facture occidentale.

Les troupes russes "s'enterrent, elles creusent des tranchées, placent des +dents de dragon+ (des défenses anti-char), posent des mines. Elles essaient vraiment de fortifier cette ligne de front", a expliqué cette semaine à la presse le numéro trois du Pentagone, Colin Kahl.

Les avancées sur le champ de bataille se mesurent selon lui désormais en centaines de mètres et l'objectif est de permettre à l'Ukraine "de changer cette dynamique de défenses statiques en lui donnant la capacité de faire feu et de manoeuvrer grâce à l'utilisation de forces plus mécanisées".

Le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, a fait savoir vendredi que Washington s'attendait à une contre-offensive de l'Ukraine au printemps. Les Etats-Unis ainsi que d'autres pays ont récemment assuré qu'ils donneraient au pays un grand nombre de blindés qui pourraient jouer un rôle important dans d'éventuelles avancées.

"Force de frappe blindée"

Washington a promis jeudi de fournir 90 blindés de transport de troupes Stryker et 59 véhicules blindés légers Bradley, dans le cadre d'une nouvelle tranche d'aide, après avoir déjà annoncé la livraison de 50 autres Bradley une semaine plus tôt.

L'Allemagne a quant à elle promis 40 blindés Marder, la France des chars de combat légers AMX-10 RC. Le Royaume-Unis a lui accédé aux requêtes de Kiev en faveur de chars lourds en acceptant d'envoyer 14 tanks Challenger.

Ces véhicules pourraient donner à l'armée ukrainienne "une importante force de frappe blindée" susceptible de permettre à Kiev "d'essayer de mener une offensive (...) semblable aux gains (territoriaux) réalisés à Kharkiv à l'automne dernier", a estimé Gian Gentile, un ancien officier américain et actuellement historien auprès du cercle de réflexion RAND Corporation, proche du ministère américain de la Défense.

Le rôle que jouent les différents blindés varie sur le champ de bataille: les tanks lourds peuvent mener la charge et éventuellement encaisser les tirs d'autres chars, tandis que les véhicules de transports blindés sont mieux à même de déposer l'infanterie pour prendre possession d'une ville.

"Très difficile"

Si ces véhicules blindés ont une valeur défensive, c'est bien vers l'offensive qu'ils seront tournés, selon Mark Cancian, ancien officier des Marines et analyste du groupe de réflexion américain CSIS (Center for Strategic and International Studies).

"Je pense que (ces dons des pays occidentaux) sont particulièrement focalisés sur une offensive ukrainienne que chacun attend (...) plus tard cet hiver", a-t-il dit.

Bien que les promesses de livraisons se soient accumulées, les Etats-Unis se sont montrés réticents à fournir leurs tanks lourds Abrams, avançant des difficultés de maintenance et de formation, tandis que l'Allemagne n'a jusqu'ici pas donné son feu vert pour la livraison de chars Leopard 2.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a salué les récentes donations mais prévenu qu'il n'y aurait "pas d'alternative" à ce que l'Occident fournisse des tanks lourds.

Pour Mark Cancian, il faudrait de nombreux chars pour faire une réelle différence, mais l'addition de plusieurs livraisons de moindre calibre pourrait tout de même avoir un impact significatif, en plus d'une valeur symbolique pour Volodymyr Zelensky.

S'ajoute à l'aide matérielle américaine un récent programme de formation des forces ukrainiennes, qui entraînera 500 soldats par mois.

Le chef d'état major américain, le général Mark Milley, a estimé vendredi que l'armée ukrainienne devrait être extrêmement bien formée au maniement des équipement pour qu'une offensive soit couronnée de succès.

"Si on prend compte de la météo et du terrain, on voit qu'on a une fenêtre relativement étroite" pour y parvenir, a-t-il dit, notant que ce serait une tâche "très, très difficile".

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