Winterthour (awp) - Le conglomérat industriel Sulzer a vu ses entrées de commandes s'affaisser de 9,0% à 2,07 mrd CHF au cours des neufs premiers mois de son exercice 2016 (-7,8% ajusté des effets de change). Le recul, qui affecte les trois divisions du groupe, est à mettre sur le compte notamment du contexte difficile dans les secteurs pétrolier et gazier, indique la société winterthouroise jeudi dans un communiqué.

Entre janvier et septembre, les entrées de commandes de la division Pompes, qui génère environ la moitié du chiffre d'affaires du groupe, ont chuté de 10,9% à 1,06 mrd CHF, alors que les segments Rotating Equipment (entretien et maintenance de turbines et moteurs) et Chemtech (équipements et installations pour l'industrie chimique) accusent un repli respectif de 4,1% (500,2 mio) et 7,9% (516,0 mio).

La copie rendue par Sulzer est légèrement inférieure à la moyenne des prévisions des analystes consultés par AWP pour le groupe et dans tous les segments.

La direction de Sulzer confirme par ailleurs ses pronostics annuels, à savoir une contraction des entrées de commandes comprise entre 5 et 10%, qui devrait se traduire par un recul du chiffre d'affaires dans les mêmes proportions. La marge brute opérationnelle (Ebita) est attendue aux alentours de 8%.

Le conglomérat industriel s'attend à subir encore quelque temps la morosité des marchés pétrolier et gazier. "A court terme nous n'attendons pas de redressement de ce marché", a affirmé son directeur général (CEO) Grégoire Poux-Guillaume à lors d'une téléconférence.

Le contexte des prix sur ce marché, qui représente près de la moitié du chiffre d'affaires du groupe winterthourois, reste également difficile, et cela va sans doute continuer en 2017, prédit le patron de Sulzer, insistant sur la nécessité d'ajuster l'offre à la demande dans l'attente d'un redressement.

LE SALUT DANS LA DIVERSIFICATION

Le recul des entrées de commandes ne semble pas préoccuper le CEO outre mesure. Ce dernier a évoqué la bonne marche des affaires dans le secteur de l'eau, ainsi que l'amélioration constatée dans celui de l'énergie et de l'industrie.

Pour sa part, le directeur financier (CFO) Thomas Dittrich a pronostiqué une reprise des entrées de commandes au plus tôt pour fin 2017, mais plus vraisemblablement seulement en 2018. Le fait que l'OPEP ait décidé de juguler la production a certainement eu un effet positif sur l'ambiance générale dans la branche, mais il faudra encore du temps avant que cela se traduise par un retour des investissements.

Du côté des analystes, Baader Helvea et Vontobel ont évoqué des entrées de commandes conformes aux attentes, alors que Credit Suisse et la Banque cantonale de Zurich (ZKB) ont parlé de chiffres légèrement inférieurs aux expectatives.

La banque aux deux voiles dit ne pas s'attendre à ce que les difficultés liées au marché souffreteux du pétrole et du gaz puissent être surmontées dans les six prochains mois. Selon elle, le potentiel haussier de Sulzer passe par des acquisitions et un affranchissement des secteurs pétrolier et gazier en termes de résultats.

La ZKB relève que les trois divisions du groupe, en plus d'avoir légèrement déçu ses attentes, ont reculé autant en comparaison annuelle que séquentielle. Après des signaux réjouissants au 1er trimestre, l'environnement semble s'être à nouveau détérioré, même si cela est dû en grande partie à des reports de projets.

Plus de mansuétude de la part de la banque Vontobel, qui rappelle que le 4e trimestre devrait être quelque peu plus facile pour Sulzer en comparaison annuelle.

Baader Helvea anticipe une salve d'ajustements des prévisions, mais salue la diversification des activités dans les secteurs-clés de l'énergie et de l'industrie.

A la Bourse suisse, la nominative Sulzer a lourdement chuté à l'ouverture, frôlant les -4%, avant de se reprendre, réalisant même quelques brèves incursions en territoire positif. A 13h40, le titre se délestait de 0,6% à 99,50 CHF, faisant légèrement moins bien que le marché dans son ensemble (SPI, -0,42%).

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