Le groupe nordiste, propriété de la famille Mulliez, a vu les ventes de ses activités de distribution (Auchan Retail) reculer de 0,5% en 2018, à 50,3 milliards d'euros, et de 2,4% en données comparables, tandis que son Ebitda (excédent brut d'exploitation) a chuté de 20,5% à 1,518 milliard d'euros.

La chute de l'Ebitda intègre aussi les coûts engagés dans des projets "qui n'ont pas délivrés les résultats attendus", précise le groupe dans un communiqué.

Le cinquième distributeur français s'était lancé dans un vaste plan de transformation au printemps 2017 passant par des investissements de 1,3 milliard d'euros en France pour moderniser ses hypermarchés, unifier ses enseignes, développer la proximité et accélérer sa transformation digitale.

Trois ans plus tard, "les résultats d'Auchan Retail sont très insuffisants", a reconnu Edgard Bonte, gendre de Patrick Mulliez, nommé en octobre 2018 à la tête d'Auchan Holding et Retail en remplacement du tandem Régis Degelcke-Wilhelm Hubner.

En France, son premier marché (35% de ses ventes), Auchan a continué de perdre du terrain (-1,3%) pour la sixième année consécutive, plombé par les contre-performances de ses hypermarchés qui comptent pour environ 80% de ses ventes.

Ces très grands formats, aux prises avec la concurrence féroce de Leclerc et des spécialistes du e-commerce, Amazon en tête, ont aussi été très impactés par le mouvement des "Gilets jaunes", comme l'ont été Carrefour ou Casino, allié à Auchan dans les achats au sein de la centrale Horizon.

Les blocages des accès aux magasins en novembre et décembre 2018 ont coûté 140 millions d'euros de chiffre d'affaires à Auchan et 35 millions d'excédent brut d'exploitation.

A LA PEINE EN ITALIE ET EN RUSSIE

Le groupe n'a pas davantage redressé la barre en Italie, où il a fermé 23 magasins déficitaires, ou en Russie.

Troisième distributeur de Russie derrière Magnit et X5 Retail, Auchan peine à adapter son modèle de discount généralisé aux nouveaux modes de consommation. Il a fermé 11 magasins en 2018 dans le pays et en fermera 30 en 2019.

Il a aussi reculé en Chine, où il souffre comme Carrefour de la concurrence du e-commerce malgré l'alliance de sa coentreprise Sun Art Retail avec Alibaba.

Si son développement en Chine n'est pas remis en cause, le maintien de ses opérations toujours très déficitaires au Vietnam, "est à l'étude", a précisé le dirigeant.

Pour redresser la barre, Auchan a lancé un nouveau plan d'action baptisé "Renaissance" passant par une baisse "drastique" des investissements, qui devront être plus ciblés, et par une optimisation de son organisation.

Ces mesures devraient avoir un impact positif de "plusieurs centaines de millions d'euros en année pleine", selon le groupe qui s'est refusé à toute précision sur les mesures d'économies prévues, excluant toutefois toutes suppressions d'effectifs.

Pour sa reconquête commerciale, il va accélérer son approche multicanal, avec notamment l'ouverture de Drive piétons et l'utilisation des hypermarchés comme points de stockage pour les livraisons.

Comme Carrefour, il entend développer l'offre bio et les services de restauration, et va tester des partenariats avec des enseignes spécialisées de l'électroménager ou du textile pour les installer dans ses hypermarchés.

Le groupe a également annoncé avoir passé des dépréciations d'actifs massives totalisant 1,25 milliard d'euros, en Italie, en France et en Russie.

Ces dépréciations ont fait plonger les comptes d'Auchan Holding dans le rouge, avec une perte nette de 997 millions d'euros en 2018.

Le groupe, qui ne versera pas de dividende à ses actionnaires de l'Association familiale Mulliez, pense boucler la cession d'une majorité du capital de sa banque Oney au groupe BPCE au cours du deuxième trimestre.

(Pascale Denis, édité par Marc Joanny)

par Pascale Denis