Zurich (awp) - L'opérateur Sunrise a vu son bénéfice net élagué de près de moitié l'an dernier à 56 millions de francs suisses, mais l'impact de l'échec de sa tentative de rapprochement avec le câblo-opérateur UPC s'est avéré moindre qu'attendu. Le conseil d'administration proposera aux actionnaires un dividende amélioré de 20 centimes à 4,40 francs suisses, financé en bonne partie par des capitaux externes.

Le flux de trésorerie disponible a souffert des investissements de 91 millions pour l'acquisition de fréquences 5G et de commissions à hauteur de 60 millions versées à Swisscom pour l'accès au réseau fixe. Surtout, les 112 millions de francs suisses déboursés pour la rupture des fiançailles avec UPC ont fait plonger cet indicateur dans le rouge pour 22 millions, alors qu'il atteignait encore 149 millions en 2018.

Sur le plan opérationnel, la modeste poussée de croissance d'un demi-point de pourcentage n'a pas empêché le groupe zurichois d'étoffer son excédent brut d'exploitation (Ebitda) ajusté de plus de 11% à 668 millions de francs suisses. Le chiffre d'affaires s'est, lui, établi à 1,89 milliard de francs suisses, détaille le compte-rendu annuel diffusé jeudi.

Les analystes consultés par AWP plafonnaient les recettes à 1,87 milliard. L'Ebitda ajusté ne devait pas dépasser 666 millions et le bénéfice net était en moyenne attendu à 32 millions. Les observateurs avaient vu tout juste pour la rémunération des actionnaires.

Ambitions intactes

La direction reconduit sa feuille de route pour l'exercice en cours, comprenant des revenus de 1,875 à 1,915 milliard de francs suisses et un Ebitda ajusté de 675 à 690 millions. L'enveloppe dédiée au déploiement de la technologie 5G comprend 130 à 150 millions de francs suisses. Conditionné à la concrétisation de ces ambitions, le dividende au titre de 2020 devrait s'établir entre 4,55 et 4,65 francs suisses par action.

La normalisation des dépenses attendue pour l'an prochain devrait permettre au flux de trésorerie disponible de couvrir intégralement la rémunération des actionnaires, que la société promet d'étoffer annuellement de 4 à 6% jusqu'en 2021.

Equipé notamment en composants réseau par le géant chinois Huawei, Sunrise s'estime relativement immunisé des conséquences de l'épidémie de coronavirus. Son fournisseur avait en effet constitué des stocks de composants en prévision des sanctions américaines le visant, suffisantes pour assurer des livraisons pendant six mois, a expliqué en conférence de presse le nouveau patron André Krause.

Réticent à l'idée de devoir se passer des services de Huawei en cas de renforcement des sanctions étasuniennes, le directeur général a néanmoins assuré que le remplacement des composants du groupe chinois nécessiterait deux ou trois ans et coûterait vraisemblablement entre 30 et 40 millions de francs suisses.

Le directeur financier Uwe Schiller de son côté a assuré que l'abandon des plans de rapprochement avec UPC n'aura pas d'impact différé sur la performance de l'exercice en cours.

Les dépenses inquiètent

Saluant une fin d'exercice 2019 robuste, Goldman Sachs souligne que l'augmentation prévue des dépenses d'investissement dans la 5G notamment risque fort de peser sur le flux de trésorerie disponible. Le mastodonte bancaire américain relève toutefois que le règlement du dividende devrait à nouveau pouvoir être intégralement financé par les liquidités opérationnelles à compter de 2021.

L'extension à l'horizon 2021 des promesses d'augmentation de la rémunération des actionnaires constitue une bonne surprise pour Vontobel, qui anticipait jusqu'ici un plafonnement à l'issue de l'exercice en cours.

L'honorable performance affichée par Sunrise ne l'empêchait pas de subir la déferlante de panique, largement attribuée à la propagation de la pneumonie virale covid-19 sur le Vieux continent. A 11h39, la nominative cédait 1,5% à 80,80 francs suisses, dans un SPI en retrait déjà de 1,80%.

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