Zurich (awp) - Les exportations horlogères suisses ont subi un sérieux coup d'arrêt en septembre, affichant le plus grand recul mensuel de l'année, en raison de la chute des envois vers la Chine et Hong Kong. Même la croissance en direction des Etats-Unis n'est plus aussi vigoureuse.
La branche a envoyé au cours du mois sous revue des garde-temps à l'étranger pour une valeur totale de 2,05 milliards de francs suisses, soit une chute de 12,4% par rapport à septembre 2023.
Sur les neuf premiers mois de l'année, le secteur "a vu son chiffre d'affaires à l'exportation diminuer de 2,7% par rapport à" la même période l'an passé, totalisant 19,2 milliards de francs suisses, a souligné la Fédération de l'industrie horlogère suisse (FH) dans un communiqué jeudi.
La faîtière reconnaît "une nette dégradation", alors qu'en août, les exportations avaient encore bondi de quasiment 7%. En juillet, elles avaient grappillé 1,6%.
Tant le nombre de pièces que la valeur ont fondu, respectivement de 21% et de presque 13%. Tous les segments de prix se sont inscrits en recul. Les montres de moins de 500 francs suisses (prix export) ont vu leur valeur exportée diminuer de 20,8% et celles de la gamme 500 à 3000 francs suisses fondre de 33,0%.
Les envois des garde-temps de plus de 3000 francs suisses, longtemps fers de lance de la croissance des envois, se sont contractés de 7,3% en valeur et de 11% en nombre de pièces par rapport à septembre 2023.
Moitié moins d'envois vers la Chine
"La majorité des marchés ont enregistré un recul significatif en septembre, alors que quelques débouchés se sont maintenus en hausse", a ajouté la FH. Parmi les baisses les plus conséquentes, le Royaume-Uni (-10,7%), Hong Kong (-34,6%), la Chine (-49,7%) et Singapour (-13,9%) ont généré à eux seuls plus de 80% du repli au niveau mondial.
La demande chinoise de produits de luxe se dégrade, face à des incertitudes économiques croissantes dans l'Empire du Milieu. Mardi, le géant français LVMH a déçu avec un chiffre d'affaires en baisse, pour la première fois depuis 2020.
En septembre, la Corée du Sud (-19,8%), Taïwan (-29,8%) et la Thaïlande (-34,6%) ont aussi accusé des contractions importantes. Le continent asiatique (-22,6%) a ainsi présenté de loin le plus mauvais résultat mensuel, tandis que l'Europe (-3,4%) a connu une situation moins préoccupante, notamment grâce à l'Allemagne (+5,7%) et à l'Espagne (+5,3%).
Les Etats-Unis (+2,4%), toujours en croissance, ont encore renforcé leur place de premier débouché pour l'horlogerie suisse. Les envois en direction du pays à la bannière étoilée ont toutefois ralenti par rapport à août, où la progression atteignait 7,6%. Sur neuf mois, la destination affiche une hausse de presque 5% par rapport à 2023.
Image plus réaliste
La Banque cantonale de Zurich (ZKB) estime que les bons chiffres d'août combinés à ceux de septembre affichent une image plus réaliste de la situation, tablant sur un recul autour de 5% sur la période. Mi-septembre, elle a déjà réduit ses estimations de bénéfices pour Swatch Group et Richemont pour 2024 et 2025, surtout en raison de la situation de marché difficile en Chine et à Hong Kong.
Pour Vontobel, les perspectives de Swatch Group sont préoccupantes, particulièrement en ce qui concerne l'effet de levier opérationnel négatif, qui affecte à la fois les bénéfices et les flux de liquidités libres. A l'inverse, Richemont a davantage de cartes en main pour naviguer à travers les défis actuels du marché. L'expert en charge s'inquiète toutefois de la situation de certains fournisseurs de composants.
Les investisseurs eux voyaient encore rouge, même si la porteur du propriétaire biennois d'Omega, Blancpain et Longines, et l'action du propriétaire genevois de Panerai, Piaget et Baume & Mercier se redressaient quelque peu. A la clôture, la première perdait 1% à 168,15 francs suisses et la seconde reculait de 0,2% à 126,50 francs suisses, dans un SLI en gain de 0,91%.
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