Les conclusions de la cet examen nourriront une batterie de tests de résistance dans l'Union européenne, censés déterminer si les banques devront constituer plus de fonds propres pour surmonter d'éventuels chocs futurs et éviter de répéter les errements de la crise financière de 2008-2009.

Une analyse de Reuters des résultats du troisième trimestre des 30 premières banques européennes montre que près des deux tiers des 27 qui publient des comptes trimestriels détaillés estiment que leur bilan était moins risqué fin septembre qu'il ne l'était fin juin, une façon de faire diminuer les besoins en capital.

En revanche près des deux tiers des établissements ont inscrit des provisions pour créances douteuses ou irrécouvrables moins importantes qu'un an auparavant et leur "ratio de couverture", soit ce qui est mis de côté pour couvrir les pertes par rapport au total des créances dépréciés, n'a augmenté que marginalement.

John Paul Crutchley, co-directeur de la banque européenne chez UBS, pensait l'inverse. "C'est sans doute parce qu'au stade du troisième trimestre, on ne savait pas du tout comment la BCE allait mener cet examen de la qualité des actifs (en zone euro) et les stress tests (tests de résistance)", a-t-il dit.

Lui-même et James Chappell, analyste de Berenberg, pensent que la situation aura évolué au quatrième trimestre, les banques en sachant plus sur les conditions que la BCE appliquera à la zone euro et que les régulateurs nationaux soumettront ailleurs.

Pour l'heure, les ratios de couverture varient amplement, de 94% pour la Commerzbank à moins de 50% pour d'autres banques. Ces ratios sont difficilement comparables d'un établissement à l'autre car ils n'emploient pas les mêmes paramètres mais on peut penser que la BCE les étudiera avec soin.

Les banques étaient supposées améliorer ces ratios avant les tests en provisionnant davantage mais dans l'ensemble ils n'ont augmenté que de 3% en moyenne sur 12 mois au 30 septembre parmi les 22 qui publient cette donnée. Neuf autres avaient un ratio en baisse, la plus forte étant enregistrée par Swedbank (-18,5%), qui n'a pas répondu aux sollicitations de commentaires.

DENSITÉ INFÉRIEURE

Pour Stephen Smith, chef des services transactionnels de KPMG, il se peut aussi que les banques augmentent leurs provisions au quatrième trimestre si elles pensent qu'un autre volet de l'examen de la BCE - l'évaluation prudentielle du risque - est susceptible de les obliger à renoncer à certains types d'actifs.

Alors même que les banques sont priées de faire preuve de prudence dans l'évaluation du risque attaché à leurs actifs (soit leurs actifs pondérés du risque, RWA), les autorités de supervision, que ce soit le Comité de Bâle ou la Banque d'Angleterre, ont remarqué à quel point cette évaluation varie d'un établissement à l'autre et combien il était possible de manipuler le concept de RWA.

Ignazio Angeloni, responsable de la stabilité financière au sein de la BCE, a dit à la presse que l'AQR pourrait modifier chez une banque la densité globale de ses RWA - soit le rapport du total de ses actifs à ses RWA - en déplaçant des prêts d'une catégorie de risque à une autre au sein même de son modèle.

Au troisième trimestre, 16 des 27 banques européennes qui publient des comptes trimestriels détaillés avaient une densité des RWA inférieure à ce qu'elle était un an plus tôt.

"Compte tenu de l'impact des actifs les plus risqués sur le calcul des RWA, les banques sont tentées de 'dé-risquer' avant l'AQR et les stress tests", observe Jonathan McMahon, associé de Mazars et ex-régulateur financier en Irlande jusqu'en 2012.

Le rôle des RWA dans les tests de résistance, qui seront conduits par l'Autorité bancaire européenne (ABE) dans l'ensemble des Vingt-Huit, n'est pas clair.

Etablir une sorte d'étalon pour le traitement des RWA et examiner la position des banques par rapport à lui a été évoqué, de façon à ce que les banques qui en divergeraient le plus se sentent dans l'obligation de corriger le tir. L'ABE s'est refusé à tout commentaire.

Wilfrid Exbrayat pour le service français

par Laura Noonan

Valeurs citées dans l'article : Swedbank AB, Commerzbank AG