Le secteur indien du commerce électronique a fait l'objet d'un examen minutieux sur la manière dont les prix des produits sont fixés en ligne. L'année dernière, une enquête antitrust a révélé qu'Amazon et Flipkart, filiale de Walmart, favorisaient certains vendeurs et pratiquaient des "prix d'éviction", au détriment des petits détaillants. Les entreprises ont nié ces allégations.
Le commerce rapide, dans lequel les entreprises livrent des produits de consommation dans un délai de 10 minutes à partir d'entrepôts de proximité, est populaire auprès des clients, mais a contrarié les petits détaillants, car les acheteurs utilisent des applications pour commander tout ce qu'ils veulent, du lait aux légumineuses. Bernstein estime que le secteur indien du commerce rapide atteindra 35 milliards de dollars en 2030, contre 200 millions de dollars en 2021.
La All India Consumer Products Distributors Federation (AICPDF), dans un dossier déposé auprès de la Competition Commission of India, a demandé une enquête sur de nombreuses pratiques commerciales de Blinkit de Zomato, d'instamart de Swiggy et de Zepto, y compris sur la manière dont les remises sont accordées.
"Une tendance alarmante de prix prédateurs et de pratiques de rabais importants par les plateformes de commerce électronique a abouti à des modèles de prix injustes", indique le dossier du groupe, qui n'est pas public mais a été examiné par Reuters.
Zomato et Swiggy n'ont pas répondu aux demandes de commentaires de Reuters. Zepto a refusé tout commentaire. La CCI n'a pas répondu.
Cette plainte pourrait aggraver les maux de tête de Zomato et de Swiggy. L'année dernière, une enquête distincte de la CCI a révélé que leurs entreprises de livraison de produits alimentaires enfreignaient les lois sur la concurrence. L'affaire est en cours.
Zepto se prépare à une introduction en bourse après avoir levé des fonds pour une valeur de 5 milliards de dollars l'année dernière.
L'organisme de surveillance examinera le dossier et pourra ordonner à son unité d'enquête d'étudier l'affaire de près. Cela peut prendre plusieurs mois et obliger les entreprises à s'expliquer. Elle peut rejeter l'affaire si elle estime qu'elle n'est pas fondée.
L'AICPDF compte parmi ses membres 400 000 distributeurs qui fournissent des produits de marques telles que Nestlé, Unilever et Tata à 13 millions de magasins de détail en Inde.
Une récente enquête de Datum Intelligence auprès de 3 000 Indiens pratiquant le commerce rapide a montré que 36 % d'entre eux avaient réduit leurs achats dans les supermarchés et que 46 % avaient réduit leurs achats dans les petits magasins indépendants.
Dans son dossier, l'AICPDF a déclaré que les magasins locaux de briques et de mortier "ne peuvent pas rivaliser" avec les remises des géants du commerce rapide. Elle a comparé les prix en ligne et hors ligne de 25 produits, dont ceux de Nestlé et d'Hindustan Unilever.
Une variante d'un pot de café Nescafe qu'un petit détaillant indien indépendant reçoit des entreprises pour environ 622 roupies (7,14 $) est proposée pour 514 roupies sur Zepto, 577 roupies sur Swiggy Instamart et 625 roupies sur Blinkit, d'après le dossier.
L'homme le plus riche d'Asie, Mukesh Ambani, imite cette stratégie pour proposer des livraisons rapides, tout comme Amazon et Flipkart dans des zones limitées.
Datum estime que Blinkit détient une part de marché de 40 % sur le marché indien du commerce rapide, avec 1 007 petits entrepôts, tandis que Zepto possède plus de 900 magasins et une part de marché de 29 %. Le service Instamart de Swiggy détient une part de 26 %. (Reportage d'Aditya Kalra, édition de Timothy Heritage)