Zurich (awp) - Les seniors sont mieux intégrés dans le monde du travail qu'il y a dix ans. Mais les entreprises ne semblent pas démontrer d'énergie débordante à vouloir les recruter, selon une étude publiée lundi. Pourtant, avec le vieillissement démographique, ils pourraient combler la difficulté croissante des sociétés à dénicher des collaborateurs qualifiés.

Si 70% des employeurs interrogés par Swiss Life se déclarent prêts à embaucher des seniors, ils ne représentent que 7% des personnes nouvellement recrutées et ne composent que 21% des actifs.

En 2020, 73% des personnes âgées de 55 ans et plus exerçaient une activité professionnelle, soit sept points de pourcentage en plus qu'en 2010. Un chiffre qui "par comparaison internationale est élevé, puisque la moyenne des pays de l'OCDE ne dépasse guère 62%, avec près de cinq Etats seulement, dont l'Islande, qui font mieux que la Suisse", selon l'étude. Les seniors forment une part croissante de la main d'oeuvre totale, note la compagnie d'assurance.

La probabilité de se retrouver au chômage semble diminuer avec l'âge et dans leur majorité les seniors se sentent bien considérés dans leur entreprise. Mais en même temps, passé le cap des 50 ans, une personne sans emploi recèle nettement moins de chances de retrouver un poste comparable, observe l'auteur de l'étude, Andreas Christen.

Swiss Life estime entre 6% et 7% les seniors qui ne quittent pas de leur plein gré la vie professionnelle à la suite d'un licenciement ou d'une retraite anticipée pour des raisons opérationnelles. "Ce chiffre est trop faible pour pouvoir évoquer un recours systématique à la mise en retraite forcée, mais il est suffisamment élevé pour que nombreux travailleurs âgés craignent les conséquences d'une perte d'emploi en fin de carrière", déplore M. Christen.

Si la plupart des entreprises ne sont pas opposées à l'exercice d'une activité lucrative à l'âge de la retraite, elles n'encouragent pas pour autant une telle pratique et mènent rarement une politique active en faveur des seniors.

Vieillissement démographique bon pour l'emploi

L'étude de Swiss Life montre que seul un quart des employeurs prend activement des mesures pour inciter leurs collaborateurs à maintenir leur activité jusqu'à l'âge ordinaire de la retraite.

Autre paradoxe, près d'une entreprise sur trois indique rencontrer des difficultés de recrutement. Et pourtant, les sociétés concernées ne pratiquent pas de politique de l'emploi plus active à l'égard des 55 ans et plus que celles qui ne rencontrent pas ce genre de problèmes. Visiblement, ces difficultés ne les font pas encore assez souffrir pour qu'elles envisagent de s'ouvrir davantage au personnel plus âgé, lance l'auteur de l'étude. Mais cela devrait changer dans quelques années.

De plus, seule une minorité d'entreprises interrogées prévoit que la pénurie de travailleurs qualifiés s'aggravera au cours des prochaines années avec des départs à la retraite. "Certaines entreprises sous-estiment l'évolution démographique imminente du marché du travail", constate M. Christen. En 2030, il faudra s'attendre à environ un tiers de départs à la retraite de plus qu'en 2019.

Aujourd'hui déjà, la population active augmente presque uniquement grâce aux seniors. "Nous partons donc du principe que les entreprises seront plus que par le passé contraintes d'exploiter tout le potentiel de main-d'oeuvre, y compris celui des personnes de plus de 55 ans sans emploi, sans activité lucrative ou en sous-occupation", certifie le spécialiste de Swiss Life.

Il en conclut que les nouvelles prestations transitoires - introduites en juillet - pourraient conduire à une meilleure acceptation d'un relèvement de l'âge de la retraite car elles permettent d'éviter que des personnes âgées en fin de droits ne soient obligées de recourir à l'aide sociale.

Au total, 740 entreprises et 1472 personnes âgées entre 55 et 70 ans ont été interrogées pour les besoins de cette étude.

md/al