Zurich (awp) - Swiss Re a comme prévu renoué avec les chiffres noirs l'année dernière, toutefois de manière moins marquée que prévu. Si la performance du numéro deux mondial de la branche est jugée honorable, au vu notamment de l'impact des catastrophes naturelles et de la pandémie, le marché en revanche a lourdement sanctionné la frilosité du réassureur en matière de dividende.

Swiss Re a bouclé l'exercice sur un bénéfice net de 1,44 milliard de dollars (1,33 milliard de francs suisses), après une perte sèche de 878 millions en 2020. Ajustés des effets de la pandémie, les gains ont dépassé les 3 milliards, précise l'entreprise vendredi.

Cité dans le communiqué, le directeur général Christian Mumenthaler évoque un "tournant important" saluant le rebond des résultats malgré l'impact toujours important de la crise de Covid-19 et les dommages liés aux catastrophes naturelles.

Les primes nettes encaissées ont progressé dans toutes les unités d'affaires. Mais si les activités Dommages (P&C) et dans l'assurance directe aux entreprises (CorSo) sont parvenues à dégager un bénéfice malgré l'absorption de pertes de 2,1 milliards en raison de l'ouragan Ida et des inondations en Europe, les affaires Vie (L&H) ont glissé dans le rouge à hauteur de 523 millions, essentiellement en raison de la surmortalité due à la Covid-19 aux Etats-Unis.

Pas de relèvement du dividende

Au bouclement de l'exercice, les fonds propres se montaient à 23,57 milliards de dollars, en recul de 13,1% par rapport à fin 2020. Malgré des liquidités "très fortes" et des perspectives réjouissantes pour la suite des opérations, l'entreprise proposera à ses actionnaires le versement d'un dividende inchangé de 5,90 francs suisses par nominative au titre de l'exercice écoulé.

A l'exception du volume de primes, ressorti dans le haut de la fourchette du consensus AWP, les chiffres du jour ont déçu les attentes, en particulier le résultat net et le niveau des fonds propres, restés nettement en deçà des projections les plus conservatrices.

Pour l'exercice en cours, la direction du groupe table sur un rendement des fonds propres de 10%, puis 14% à l'horizon 2024. Swiss Re s'est également fixé pour 2022 des objectifs par segment et vise pour P&C et CorSo des ratios combinés inférieurs à respectivement 94 et 95%, et pour L&H un retour aux bénéfices à hauteur de 300 millions de dollars.

Peu exposé au conflit russo-ukrainien

En téléconférence, le directeur financier John Dacey a affirmé que Swiss Re n'est guère exposé au conflit armé qui oppose la Russie et l'Ukraine, que ce soit dans ses activités de réassurance ou en termes d'investissements.

Reste à voir quel sera l'impact du conflit sur le secteur de l'assurance en général. "Il n'est pas encore possible d'estimer le montant des coûts et dans quelle mesure ils seront couverts par les assurances", a poursuivi le dirigeant. A cela s'ajoutent les incertitudes quant aux conséquences de la guerre sur les marchés financiers et dans l'approvisionnement énergétique.

Revenant sur l'absence de relèvement du dividende, alors que la communauté financière tablait en moyenne sur un relèvement à 6,00 francs suisses, M. Dacey a qualifié la distribution de "très robuste", soulignant la volonté du groupe de préserver ses liquidités pour pouvoir saisir les opportunités du marché afin de développer ses activités, notamment dans le secteur de l'assurance-vie.

De manière générale, les analystes ne trouvent rien à redire sur une performance jugée honorable une fois ajustée des effets de la pandémie. Vontobel souligne par exemple que le rendement du dividende reste à ce jour un des plus élevés de la branche.

Le marché ne l'a visiblement pas entendu de cette oreille et la nominative Swiss Re a terminé la séance en baisse de 4,2% à 88,18 francs suisses, à contre-courant d'un indice vedette SMI en forte hausse de 3,01%.

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