Hiroshima (awp/afp) - Le géant technologique américain Micron a annoncé jeudi un investissement de plusieurs milliards d'euros pour produire au Japon des puces électroniques de nouvelle génération, alors que Tokyo tente d'accroître ses capacités de production dans le secteur stratégique des semi-conducteurs.

Après une rencontre entre le Premier ministre japonais Fumio Kishida et les dirigeants de certaines des plus importantes entreprises mondiales du secteur, Micron a dit vouloir introduire pour la première fois au Japon la technologie de lithographie Extreme Ultraviolet (EUV), permettant de produire des puces plus performantes.

Il a précisé dans un communiqué vouloir investir jusqu'à 500 milliards de yens (3,3 milliards d'euros) dans les prochaines années, sans préciser si l'investissement concernait uniquement l'archipel, "avec le soutien étroit du gouvernement japonais".

L'agence Bloomberg avait rapporté plus tôt que le gouvernement de M. Kishida envisageait de verser à Micron environ 200 milliards de yens (1,3 milliard d'euros) d'incitations financières.

Le Japon, à l'image d'autres pays industrialisés, investit lourdement pour accroître sa production et réduire sa dépendance dans cette industrie alors que les tensions géopolitiques autour de Taïwan, l'un des plus gros fabricants au monde de puces électroniques via le groupe TSMC, aggravent les inquiétudes sur l'approvisionnement en semi-conducteurs.

Ces puces sont indispensables pour l'industrie, et notamment les technologies vertes (batteries, éoliennes, solaire) et le numérique, les smartphones, voitures connectées ou consoles de jeu mais aussi les équipements militaires.

Les tensions internationales se sont accrues ces dernières années autour de ce secteur stratégique, la Chine et les Etats-Unis en particulier se livrant une féroce bataille dans ce domaine.

La Chine avait annoncé début avril une procédure contre Micron, afin de "passer en revue" les produits du fabricant de composants électroniques et de prévenir d'éventuels "risques" pour sa "sécurité nationale".

L'Union européenne a trouvé le mois dernier un accord sur un plan visant à développer cette industrie sur son propre territoire pour réduire sa dépendance envers l'Asie.

Et après les Etats-Unis et les Pays-Bas, le Japon a annoncé fin mars son intention de restreindre ses exportations d'équipements de fabrication de semi-conducteurs, s'attirant les foudres de la Chine.

Tokyo a aussi lancé un grand projet destiné à produire dans le pays des semi-conducteurs de nouvelle génération et regroupant de grands groupes nippons comme Sony, Toyota et SoftBank Group au sein d'une co-entreprise appelée Rapidus, dont la production doit démarrer d'ici 2030.

afp/rp