Tokyo (awp/afp) - L'équipementier automobile japonais Takata, qui vient de déposer le bilan, laminé par un retentissant scandale d'airbags défectueux, a dû affronter mardi l'ire de ses actionnaires, alors que le titre ne vaut plus rien.

Les petits porteurs, réunis à l'assemblée générale du groupe organisée à Tokyo, affichaient leur désarroi avant le début de la réunion, fermée à la presse. "J'ai investi pas mal d'argent dans cette compagnie. Maintenant l'action est à mettre à la poubelle!", s'emportait ainsi Kenichi Asahi, 36 ans.

"Je suis résigné, je ne ressens même plus de colère, cette phase est passée", commentait de son côté un investisseur de 48 ans. "Pourquoi n'ont-ils pas réglé le problème plus vite, quand sont survenus les premiers rappels en 2008 et 2009?", a-t-il lancé.

Objet du courroux, le PDG Shigehisa Takada, héritier de la famille fondatrice. Il a promis lundi de démissionner une fois le relais passé au repreneur de l'entreprise, l'américain Key Safety Systems (KSS).

"Je veux interroger le président sur sa responsabilité" dans ce fiasco, a insisté un actionnaire de 66 ans, Minoru Matsuo, qui a vu un cinquième de sa retraite s'envoler dans des placements Takata.

En attendant, tous les détenteurs de titres essayaient de s'en débarrasser. Le Tokyo Stock Exchange (TSE) a levé mardi la suspension des transactions sur le titre, mais à la mi-journée les échanges ne pouvaient s'effectuer normalement tant les ordres de vente étaient nombreux. Selon le prix qui s'affichait, l'action s'orientait vers une chute de 31% à 110 yens, le repli maximum autorisé pour ce jour. Elle sera radiée de la cote fin juillet.

Takata a enclenché lundi une procédure de redressement judiciaire, ployant sous plus de 1.000 milliards de yens (8 milliards d'euros) de dette, ce qui marque la plus retentissante faillite d'un industriel dans l'histoire du Japon d'après-guerre.

Ses principales activités vont être transférées à KSS, un équipementier contrôlé par le chinois Ningbo Joyson Electronic, pour un montant de 175 milliards de yens (1,4 milliard d'euros).

Takata, lui, ne survivra que le temps de continuer de fournir les airbags de remplacement, honorer les dernières commandes, payer une amende aux Etats-Unis, essuyer les plaintes...

Fondé en 1933, le numéro deux mondial des airbags a succombé à une crise qui a conduit les constructeurs automobiles à rappeler quelque 100 millions de coussins de sécurité dans le monde. Le groupe japonais est accusé d'avoir dissimulé pendant des années l'existence d'un défaut majeur dans ses coussins de sécurité, responsables d'au moins 16 décès et de plus d'une centaine de cas de blessures.

afp/al