Le groupe d'ingénierie aurait manœuvré pour réduire ses pertes financières en retardant sa sortie du projet Arctic LNG 2 en Russie, malgré les sanctions internationales imposées suite à l'invasion russe en Ukraine. Le contrat de Technip Energies pour superviser l'ingénierie et la construction du projet en Russie et en Chine était évalué à plus de 7 milliards d'euros. Quitter le projet sans l'approbation de son client russe aurait pu entraîner de lourdes pertes et pénalités pour l'entreprise.

L'enquête du Monde suggère que Technip Energies a bien préparé sa sortie, dans le respect de la loi a indiqué l'intéressée, mais a également facilité la poursuite du projet malgré les efforts des Etats-Unis et de l'Europe pour l'entraver. Des données suggèrent que le groupe français et plusieurs autres entreprises occidentales pourraient avoir contourné les sanctions internationales.

Arctic LNG 2 est un projet clef pour la Russie

Le projet Arctic LNG 2 est l'un des fleurons du développement russe dans les énergies fossiles, puisqu'il devrait permettre d'augmenter de 60% ses capacités d'exportation de gaz naturel liquéfié (GNL) d'ici 2026. La façon dont Technip Energies s'est retirée de ses filiales dédiées au projet soulève des questions. En particulier, l'entreprise a transféré fin octobre 2022 le siège social de Novarctic et Gydan LNG, les deux coentreprises montées avec ses partenaires européens et russes, de la France vers les Emirats Arabes Unis. Le Monde explique que les sociétés basées aux EAU qui n'opèrent pas en Europe peuvent théoriquement poursuivre leurs relations d'affaires avec les Russes.

En mai 2023, Technip Energies a finalement cédé ses parts dans les coentreprises à Vertex Engineering, une société émiratie créée deux mois auparavant, dont l'identité et la nationalité des actionnaires sont inconnues. Les termes et le montant de la transaction n'ont pas été rendus publics.

L'article du Monde a provoqué la chute de près de 8% de l'action Technip Energies à Paris, à la mi-journée du 19 octobre 2023.