Technip est-il soluble dans FMC ? A cette question, les syndicats du fleuron français des services à l'industrie pétrolière espèrent bien que la réponse est non. Il faut dire que leurs prophéties initiales sur la "fusion entre égaux" du Français et de l'Américain en 2017 se sont largement vérifiées. A l'époque, ils redoutaient déjà ces espèces de montages financiers bancals utilisés pour rapprocher deux entreprises en favorisant la plus faible pour des questions fiscales et comptables.

Trois ans après, ils tiennent une forme de revanche, mais au goût sacrément amer. Et rien ne dit que leurs appels seront suivis par les actionnaires de TechnipFMC, malgré un bilan accablant. "4,3 milliards de dollars de pertes en deux ans, un cours de bourse divisé par 5, le projet de scission avorté", écrivent de concert la CFDT, la CGT et la CFE-CGC dans un communiqué diffusé ce matin. L'intersyndicale réclame à nouveau la "fin du pillage des forces vives et de la trésorerie", notamment chez Technip France alors que la division assure une bonne partie des revenus de l'entreprise et assume les gros projets emblématiques. Le capital de la société est très éclaté, avec une présence importante de gestions passives américaines.

Les actionnaires de TechnipFMC (source Proxy de l'assemblée générale)
Invesco, Vanguard, BlackRock, State Street... Les gestionnaires d'ETF sont largement présents au capital

De nombreux griefs

Les syndicats français critiquent à la fois la surévaluation de FMC lors du mariage, visible selon eux dans les dépréciations prises depuis deux ans, l'évaporation du cash-flow libre alors que les remontées aux actionnaires ont augmenté et les orientations stratégiques. "Le projet de scission mort-né aurait eu le mérite de faire cesser le renflouement des activités Subsea héritées de FMC par les activités Onshore/offshore dirigées par Madame Catherine MacGregor et opérées en grande partie par Technip France", souligne le communiqué. Outre la démission du PDG ("sans parachute doré"), l'intersyndicale appellent à la diversification de l'entreprise hors du secteur pétrolier et à la mobilisation des administrateurs français (dont ceux de l'Etat via Bpifrance et l'IFPEN) pour défendre Technip France.

TechnipFMC a annoncé ce matin de sévères pertes au 1er trimestre 2020, alourdies par 3,16 Mds$ de dépréciations de valeur issues des divisions Subsea et Surface Technologies. Emboîtant le pas d'autres dirigeants, Doug Pferdehirt a décidé d'une baisse de sa rémunération fixe de 30% cette année. La société a par ailleurs renoncé à verser un dividende au-delà de celui qui avait déjà été payé (0,13 USD par action). Mais cela ne suffira pas à rassurer les équipes, d'autant qu'en parallèle, un nouveau plan d'économies a été annoncé. Sur l'exercice entier, c'est le segment Onshore/Offshore, rebaptisé Technip Energies, qui va "tenir la baraque", avec des revenus compris entre 6,3 et 6,8 Mds€ et une marge d'Ebitda d'au moins 10%. Celui-là même dont TechnipFMC voulait se séparer en se recentrant sur le Subsea.

L'assemblée générale aura lieu le 24 avril à 10h00 heure de Londres. Le document de présentation est en ligne sur le site de TechnipFMC.