Sur le premier trimestre, la perte cash atteint presque €800 millions d’euros, tandis que la dette nette — déjà plantureuse, puisque quatre fois supérieure à la capitalisation boursière — augmente de €1 milliard.

Cet effet ciseau devrait contrarier encre davantage son principal actionnaire Vivendi, qui a déjà du effacer les trois-quarts de son investissement — initié en 2015 — dans l’opérateur. 

Le groupe contrôlé par la famille Bolloré s’est opposé à la transaction à €22 milliards proposée par KKR — qui souhaite racheter le réseau de lignes fixes de Telecom Italia — sur la forme plutôt que sur le fond ; sans en contester la nécessité, il juge en effet le montant insuffisant. 

En l’état, celle-ci reste la seule porte de sortie pour l’ancien monopole d’Etat. Sa dette nette était déjà insoutenable ; la remontée des taux d’intérêts couplée à la contre-performance chronique sur le marché domestique rend l’urgence plus pressante encore. 

Cible privilégiée des vendeurs à découvert depuis quelques années, Telecom Italia joue donc sa survie sur le bon déroulement de la transaction avec KKR. Cependant, même si cette dernière aboutissait, l’opérateur bénéficierait d’un simple répit plus que d’une réelle opportunité de résurrection. 

L’année dernière, le coût de l’endettement consommait l’intégralité du profit d’exploitation. Cela obligeait Telecom Italia à reporter de nouveau les investissements urgents dans la modernisation de son réseau. 

Malgré les déclarations de Petrio Labriola, un rachat par un opérateur européen capable de l’intégrer et de le restructurer en profondeur semble être la seule voie de salut possible. Il y aurait toutefois un obstacle politique à surmonter ; l’influence du gouvernement italien, qui possède 10% du capital, n’a jusqu’ici pas été franchement constructive. 

Investisseur redoutable, Vincent Bolloré vise à la tête et gagne souvent. Mais preuve est faite qu’il lui arrive aussi de perdre. Sur ce coup, l’affaire semble en effet fort mal engagée pour Vivendi.