Milan (awp/afp) - Telecom Italia a fait monter les enchères sur son réseau de téléphonie fixe, en priant les candidats à son rachat de revoir leur copie et améliorer leurs offres, jugées largement insuffisantes par son principal actionnaire, le groupe français Vivendi.

Le conseil d'administration de TIM a demandé mercredi à la Caisse des dépôts italienne (CDP) et au fonds d'investissement Macquarie de relever leur offre conjointe déposée début mars pour acquérir la totalité du réseau.

Cette proposition est "hautement appréciée", mais "ne reflète pas la valeur de l'actif et les attentes de TIM", ont tranché les administrateurs.

Telecom Italia avait déjà demandé fin février au fonds d'investissement américain KKR de rehausser son offre pour acquérir une part majoritaire dans une future société de TIM regroupant son réseau fixe et les câbles sous-marins.

L'offre valorisait cette société à quelque 20 milliards d'euros, un montant comparable à la proposition soumise dans la foulée par la CDP et Macquarie.

Or Vivendi, principal actionnaire de Telecom Italia avec une part de 23,75%, avait mis la barre très haut avec une valorisation à hauteur de 31 milliards d'euros.

Ce duel entre la CDP et KKR, avec des relèvements de prix en perspective, n'a cependant pas ému la Bourse de Milan, où le titre Telecom Italia a clôturé en baisse de 3,43% à 0,298 euro.

Toujours dans le rouge

Telecom Italia a dévoilé mercredi soir une perte nette de 2,92 milliards d'euros en 2022, due à des dépréciations d'actifs fiscaux, une annonce qui pourrait peser sur le titre jeudi.

Cette perte est légèrement supérieure à celle prévue par le consensus des analystes compilé par Factset, qui tablait sur un résultat négatif de 2,84 milliards d'euros.

En 2021, le groupe italien avait essuyé une perte nette abyssale de 8,65 milliards d'euros, là aussi en raison d'importantes dépréciations d'actifs.

La cession du réseau devrait permettre à Telecom Italia de réduire son énorme dette, qui a grimpé fin décembre à 25,4 milliards d'euros.

Le tandem CDP-Macquarie et KKR ont été invités par TIM à "soumettre une offre améliorée non contraignante d'ici la date limite du 18 avril".

Le PDG Pietro Labriola a été mandaté par le conseil d'administration pour lancer un "processus concurrentiel" et envoyer aux candidats une lettre précisant comment ils peuvent avoir accès à des informations confidentielles du groupe.

Vivendi, qui ne siège plus au conseil d'administration de Telecom Italia, avait déjà rendu son verdict le 8 mars, lors de la présentation de ses comptes.

"Les offres, telles qu'elles sont aujourd'hui, sont bien en deçà de la valeur réelle de cette belle entreprise", avait déclaré le président du directoire Arnaud de Puyfontaine.

Réseau sous contrôle public?

"Nous avons maintenant une totale liberté pour défendre la juste valorisation" de Telecom Italia, avait ajouté M. de Puyfontaine, qui avait claqué la porte du conseil d'administration de TIM mi-janvier.

Le groupe italien a d'ailleurs plombé les comptes de Vivendi, qui a publié une perte nette de plus d'un milliard d'euros en 2022 due à la dépréciation de sa participation dans Telecom Italia et sa déconsolidation.

Le gouvernement nationaliste de Giorgia Meloni aura aussi son mot à dire dans la mesure où il a des pouvoirs spéciaux ("golden power") dans des secteurs considérés comme stratégiques, dont les télécommunications.

L'Etat italien est en outre le deuxième actionnaire de Telecom Italia, à travers la participation de 9,81% détenue par la CDP.

Après moult revirements, la Première ministre Giorgia Meloni avait autorisé la banque publique à soumettre une offre pour le réseau fixe afin d'en assurer le contrôle.

Elle avait affiché à plusieurs reprises son objectif de créer "un réseau national sous contrôle public" et préserver les emplois au sein du groupe de télécommunications.

Selon la presse italienne, le gouvernement pourrait revenir à la charge pour tenter de monter une offre commune réunissant tous les prétendants, la CDP, Macquarie et KKR, après une première tentative avortée.

afp/rp