Le conseil d'administration de Telefonica a décidé, lors d'une réunion extraordinaire tenue samedi, de remplacer le directeur général Jose Maria Alvarez-Pallete par Marc Murtra, président de la société de défense Indra, à la demande de SEPI, le fonds d'État qui détient une participation de 10 % dans Telefonica.
"L'arrivée d'un dirigeant ayant une expérience limitée des télécommunications et ce qui semble être une nomination politique sans entreprendre une recherche plus large sur le marché n'est pas nécessairement dans le meilleur intérêt de l'entreprise à première vue", a écrit l'analyste James Ratzer de NewStreet Research dans une note aux investisseurs.
Murtra, qui dirigeait jusqu'à présent Indra, détenue à 28 % par l'État, a occupé un poste au sein du gouvernement entre 2008 et 2011.
Borja Semper, parlementaire et porte-parole du Parti populaire (opposition conservatrice), a critiqué cette décision, la qualifiant d'"agression" contre l'entreprise.
Telefonica et le gouvernement ont refusé de faire des commentaires.
Le mandat d'Alvarez-Pallete devait être renouvelé cette année lors de l'assemblée générale annuelle des actionnaires qui se tient habituellement en avril ou en mai. Il dirigeait l'entreprise depuis 2016.
Le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sanchez a acheté une participation de 10 % d'une valeur d'environ 2,3 milliards d'euros (2,4 milliards de dollars) dans Telefonica par l'intermédiaire de SEPI en mai dernier pour contrebalancer l'acquisition d'une participation similaire par STC d'Arabie saoudite à la fin de 2023.
L'acquisition a donné à l'État un siège au conseil d'administration de Telefonica, alors que STC n'a pas encore obtenu de présence au conseil d'administration. Le gouvernement n'a approuvé la participation de STC qu'en novembre, après de longues délibérations, Telefonica étant considérée comme un fournisseur de services de défense et une entreprise stratégique.
Ces dernières années, Telefonica, comme ses rivaux en Europe, a dû faire face à une baisse de rentabilité due à une concurrence féroce et à la nécessité d'investir massivement dans les infrastructures pour la technologie mobile de nouvelle génération 5G.
Malgré l'environnement difficile des télécommunications, M. Alvarez-Pallete avait pour objectif d'augmenter le flux de trésorerie à 5 milliards d'euros d'ici 2026, contre 3 milliards en 2023, en mettant l'accent sur les réseaux de fibre optique et les services numériques, et avait promis des dividendes supérieurs aux niveaux de 2023.
(1 $ = 0,9690 euros)