par Paul Sandle et Isla Binnie

Liberty Global et Telefonica ont annoncé jeudi avoir conclu un accord pour fusionner leurs filiales britanniques respectives de téléphone mobile, une opération de 38 milliards de dollars (plus de 35 milliards d'euros) dette comprise qui va accentuer la concurrence face au leader britannique BT.

Ce bouleversement d'ampleur, le plus important en cinq ans pour les télécoms britanniques, va rapprocher Virgin Media, câblo-opérateur contrôlé par le groupe américain Liberty Global, et O2, la filiale de téléphonie mobile britannique de l'opérateur télécoms espagnol Telefonica.

Cette opération devrait permettre à Telefonica de monétiser partiellement O2 et donc de réduire son endettement, tout en conservant une présence au Royaume-Uni, l'un de ses marchés stratégiques avec l'Espagne, l'Allemagne et le Brésil.

"Ce n'est plus un secret, quand la 5G rencontre le (très) haut débit, nous savons que c'est magique pour le consommateur", a déclaré le directeur général de Liberty Global, Mike Fries, lors d'une conférence de presse téléphonique.

Le président exécutif de Telefonica, José Maria Alvarez-Pallete a quant à lui estimé que les deux filiales seraient "bien plus solides ensemble".

Les deux maisons mères, qui escomptent des synergies annuelles de 6,2 milliards de livres sterling (près de 8 milliards d'euros) cinq ans après la conclusion de l'opération, ont précisé qu'elles détiendraient chacune la moitié de la nouvelle entité.

Après s'être adjugé plus de 2,5% en début de séance, le titre Telefonica reculait de 0,1% à la mi-journée au sein d'un marché madrilène en hausse de 0,6%.

L'action BT, qui a annoncé jeudi suspendre son dividende jusqu'en 2021-2022 en raison de la pandémie de coronavirus, chutait au même moment de 7% à la Bourse de Londres, à l'inverse de la tendance du marché londonien, en hausse de près de 0,9%.

PAS D'OBSTABLES RÉGLEMENTAIRES ATTENDUS

La coentreprise de Liberty et Telefonica au Royaume-Uni compte investir 10 milliards de livres sur le marché britannique au cours des cinq prochaines années, ce qui lui permettra également de concurrencer Sky, leader britannique de la télévision payante appartenant à l'américain Comcast, ou encore les opérateurs Vodafone et Three UK, contrôlé par CK Hutchison Holdings.

Cette opération valoriserait O2 à 12,7 milliards de livres et Virgin Media à 18,7 milliards de livres sur la base d'une valeur d'entreprise dette comprise.

Le sort d'O2 était en suspens depuis que la Commission européenne a empêché en 2016 le rachat de la filiale britannique de Telefonica par la filiale britannique de CK Hutchison, Three UK, pour 10,3 milliards de livres.

Les analystes s'attendent à ce que l'opération soit validée par l'autorité britannique de la concurrence, qui, malgré une approche plus sévère depuis ces dernières années, ne devrait pas s'opposer au rapprochement d'un réseau mobile et d'un réseau câblé haut débit.

(Avec Juby Babu à Bengalore, version française Myriam Rivet, édité par Blandine Hénault)