PARIS, 10 novembre (Reuters) - Teleperformance a annoncé jeudi avoir lancé un programme de rachat d'actions de 150 millions d'euros à la suite du recul jugé "démesuré" de son cours de Bourse jeudi matin, après l'ouverture d'une enquête en Colombie sur des soupçons de violation des règles du travail.

L'action du groupe, qui a été suspendue à la Bourse de Paris vers 10h00 GMT dans l'attente d'un communiqué, a chuté de 33,90% à 175,95 euros, sa plus forte baisse en une séance.

Teleperformance a annoncé une reprise de cotation vendredi matin à 8h00 GMT, à l'ouverture de la Bourse de Paris.

Le lancement du rachat d'actions vise à envoyer "un signal fort de confiance et de réassurance envers nos actionnaires", a indiqué Olivier Rigaudy, directeur général, lors d'un appel avec des journalistes.

Interrogé sur les raisons de la suspension, Olivier Rigaudy a évoqué "le caractère explosif, inflammable de ce type de sujet" et "la volatilité exceptionnelle du marché".

"Les gens ont peur, prennent des décisions trop vite."

Le spécialiste français des centres d'appel indique toutefois dans un communiqué, qu'à ce jour, il n'a reçu aucune notification officielle de la part du gouvernement colombien sur cette enquête et qu'il est confiant sur les résultats qu'elle donnerait.

Selon Teleperfomance, "l’équipe de direction de la filiale en Colombie a toujours développé la société dans le respect de la loi".

Avant cette réaction, Edwin Palma Egea, le ministre colombien des Relations du travail, avait écrit sur Twitter: "Nous avons décidé d'ouvrir une enquête contre Teleperformance". "Nous avons notifié l'entreprise et invitons tous les travailleurs et organisations syndicales du pays à nous fournir des preuves de violations présumées des normes de travail."

D'après plusieurs analystes, l'ouverture de cette enquête fait suite à des informations du magazine américain Time et du Bureau of Investigative Journalism, datant d'octobre, sur les conditions de travail en Colombie des employés chargés de la modération sur le réseau social Tiktok, dont Teleperformance est un sous-traitant.

Selon ces informations de presse, ces employés, dont les droits syndicaux n'étaient pas respectés, étaient soumis à des conditions de travail traumatisantes pour un salaire de 10 dollars par jour (10,05 euros).

Les modérateurs de TikTok devaient régulièrement visionner des images de meurtres, d'abus sur des enfants et de violences sexuelles dans le cadre de leur travail. Et les employés qui manifestaient l'intention de se syndiquer faisaient l'objet de "menaces et d'intimidations", a rapporté Time.

Concernant les conditions de rémunération, Olivier Rigaudy a indiqué que le salaire des modérateurs était entre 145% et 380% supérieur à celui des agents classiques. Il a également souligné que le taux d'attrition des modérateurs de contenus était "par nature, assez élevé" dans tous les pays où l'entreprise est implantée. (Rédigé par Laetitia Volga, Claude Chendjou et Augustin Turpin, édité par Sophie Louet et Kate Entringer)