(Reuters) - Le fonds activiste AJ Investments, qui prône une vente d'Ubisoft, a obtenu le soutien de 10% des actionnaires de l'éditeur de jeux vidéo, a-t-il affirmé dans une lettre jeudi, communiquée en exclusivité à Reuters.

Le fonds activiste slovaque, détenteur de moins de 1% du capital d'Ubisoft, a indiqué qu'il était en discussion avec des sociétés de capital-investissement.

"Nous demandons à la direction d'Ubisoft de permettre la vente de la société à des tiers ou à des sociétés de capital-investissement à un prix équitable", a déclaré AJ Investments dans la lettre, qui doit être rendue publique plus tard dans la journée.

AJ Investments n'a pas nommé les investisseurs dans sa lettre et a refusé de préciser leurs noms à Reuters.

Dans une précédente lettre, envoyée début septembre aux dirigeants d'Ubisoft et à son principal actionnaire, le géant chinois de la technologie Tencent, le fonds slovaque s'était déjà déclaré insatisfait des performances financières et de la stratégie d'Ubisoft.

Il exigeait entre autres de remplacer le PDG d'Ubisoft, Yves Guillemot, co-fondateur avec ses frères du groupe dont la famille détient 15,44% du capital. AJ Investments a aussi incité le groupe à se mettre en vente ou à sortir de Bourse.

La famille Guillemot, Ubisoft et Tencent n'ont pas répondu à une demande de commentaires.

La lettre d'AJ Investments intervient alors qu'Ubisoft plonge en Bourse jeudi après un avertissement sur ses résultats 2024-2025.

Le groupe a aussi annoncé le report à février de son prochain opus, Assassin's Creed Shadows, qui fait suite à une mauvaise passe ces deux dernières années pour l'éditeur de jeux vidéo.

Des jeux tels que "Skull and Bones" et "Avatar : Frontiers of Pandora" n'ont pas été à la hauteur des attentes des investisseurs et des analystes. Quant au nouveau jeu d'Ubisoft, "Star Wars Outlaws", ses ventes ont ralenti après un fort lancement le mois dernier, selon des analystes.

AJ Investments a déclaré qu'il s'entretiendrait avec la direction d'Ubisoft mardi pour discuter de ses propositions.

Depuis le début de l'année, l'action Ubisoft a baissé de plus de 60%, sous-performant des concurrents tels qu'Electronic Arts, Take-Two Interactive Software et Capcom.

Cette piètre performance boursière a suscité des interrogations croissantes sur la stratégie d'Ubisoft consistant à lancer des jeux avec une nouvelle propriété intellectuelle sous licence, ce qui nécessite d'importants investissements, à un moment où les joueurs préfèrent s'en tenir à des titres déjà éprouvés.

(Reportage Zaheer Kachwala à Bangalore ; Version française Florence Loève, édité par Blandine Hénault)

par Zaheer Kachwala