Paris (awp/afp) - Le distributeur Casino a officialisé vendredi son entrée dans une procédure de conciliation pour une période de quatre mois afin de renégocier son important endettement, annonçant sa volonté de céder une centaine de supermarchés et hypermarchés au groupement Intermarché.

"Le président du tribunal de commerce de Paris a décidé d'ouvrir le 25 mai 2023 une procédure de conciliation" au bénéfice de Casino et de ses filiales, dont Monoprix et Franprix, "pour une durée initiale de quatre mois, éventuellement prorogeable d'un mois", indique le groupe endetté à hauteur de 6,4 milliards d'euros à fin 2022, dont 4,5 sur son activité en France.

Casino précise que cette procédure, qui doit lui permettre de conclure un accord avec ses créanciers en vue d'une potentielle restructuration de sa dette, "concerne uniquement la dette financière de la société" et de certaines filiales. Elle "n'aura aucune incidence sur les relations du groupe avec ses partenaires opérationnels (en particulier ses fournisseurs) et les salariés".

Chute de l'action

Cette annonce était attendue depuis que Casino a demandé mardi la suspension de la cotation de ses actions "dans l'attente de la publication d'un communiqué de presse et jusqu'à nouvel avis".

La cotation a repris vendredi à la Bourse de Paris, où l'action a terminé sur une chute de 6,43% à 6,33 euros. L'action de sa maison mère Rallye a dégringolé de 10,00% à 0,90% euro.

Casino, qui emploie plus de 50.000 personnes en France et 200.000 dans le monde sous de nombreuses enseignes, lutte depuis des années pour se désendetter, jusque-là sans succès.

Le groupe suscite néanmoins des convoitises, de la part du milliardaire Daniel Kretinsky ainsi que du groupe de distribution Teract, dont l'actionnaire majoritaire est le géant de l'agroalimentaire InVivo.

Fin avril, la troisième chaîne de supermarchés en France, Intermarché, s'est jointe aux discussions censées aboutir d'ici à la fin mai.

En parallèle de l'ouverture de l'entrée en conciliation, Casino a annoncé vendredi un accord avec Intermarché pour la cession de plus d'une centaine de points de vente "issus du périmètre Casino France", comprenant des hypermarchés, des supermarchés et des enseignes de proximité et représentant au total 1,15 milliard d'euros de chiffre d'affaires.

Cette cession reste soumise à l'accord des instances représentatives du personnel et des autorités.

Vendredi, dans un communiqué, Teract a tenu à préciser que "les discussions exclusives engagées le 9 mars avec le groupe Casino se poursuivent". L'accord pour la cession de magasins à Intermarché est "compatible avec les discussions actuellement en cours avec Teract, et démontre que le projet industriel est toujours au centre des discussions", est-il stipulé.

Casino et Teract ont "jusqu'à la fin de la période d'exclusivité en cours pour conclure un accord, sur les bases d'un projet industriel proposé conjointement par Teract, le groupement Les Mousquetaires et le groupe Casino le 24 avril dernier", souligne le communiqué.

"Futur tour de table"

Intermarché, qui prévoit de convertir certains de ces magasins en discounter de son enseigne Netto, s'est en outre "engagé à acquérir", si Casino en fait la demande dans les trois ans, "un volume complémentaire de magasins représentant 500 millions d'euros de chiffre d'affaires".

L'opération est un motif d'inquiétude pour les représentants des salariés concernés par ce changement d'enseigne car les structures de groupes sont différentes entre Casino, groupe intégré avec un dialogue social plus structuré, et Intermarché, où la politique sociale dépend de chaque patron de magasins, l'enseigne étant un groupement d'indépendants.

Casino précise en outre qu'Intermarché "participera" à un "futur tour de table du groupe Casino, avec un investissement en fonds propres à hauteur de 100 millions d'euros", et que cet accord est "compatible avec les discussions actuellement en cours avec Teract sur le projet industriel initié il y a quelques mois, ainsi qu'avec toutes opérations capitalistiques complémentaires".

afp/rp