Ses deux prochains poursuivants, les enseignes Sainsbury’s et Asda, en contrôlent un montant équivalent prises ensemble. L’écart demeure substantiel. Il expose aussi un peu moins Tesco à la redoutable concurrence des chaînes discount allemandes Aldi et Lidl.

Faire pivoter un tel paquebot relevait de l’exploit. En France, les déboires de Carrefour sont là pour le rappeler. Tesco a dû composer chez lui avec des hausses de coûts sans précédent dans la foulée du Brexit puis de la pandémie ; il s’agissait de faire absorber celles-ci à la clientèle sur un marché férocement concurrentiel, où la pression sur les prix est violente et continue. 

Cette pression rattrape l’enseigne, qui a déjà prévenu sans détour que son profit d’exploitation, déjà en légère érosion par rapport à l’année précédente — £2.7 milliards en 2024/2025 contre £2.8 milliards en 2023/2024 — baissera encore sensiblement sur les douze prochains mois. 

Tesco doit impérativement consolider ses parts de marché reprises de haute lutte sur le précédent cycle, et n’a donc d’autre choix que de s’aligner sur ses rivaux — notamment Asda — qui ont décidé de rouvrir la guerre des prix. L’exemple de Carrefour, pour le citer à nouveau, rappelle bien comme les parts de marché perdues sont par la suite extraordinairement difficiles à reconquérir. 

Ces développements confirment ce que Zonebourse écrivait il y a deux ans jour pour jour. Pression sur les marges oblige, le profit d’exploitation semble avoir atteint un plafond de verre qu’il ne dépassera pas, puisqu’il oscille autour d’un même montant depuis désormais six ans malgré la croissance du chiffre d’affaires. 

Tesco fait donc le choix — parfaitement rationnel — de se cannibaliser. En plus d’une augmentation du dividende, le groupe rachète et annule à hauteur de £1 milliard de ses propres titres sur les douze mois précédents, contre £750 millions sur l’année précédente. 

Ce plan de rachats est porté à £1.4 milliard sur les douze prochains mois. Autant dire que la direction stratégique est claire, et répétons-le parfaitement sensée puisque les titres sont rachetés à des multiples de valorisation sur ou proches de leurs plus-bas historiques