SAN FRANCISCO (awp/afp) - Le procès devant décider si des tweets du patron de Tesla affirmant en 2018 qu'il allait sortir l'entreprise de la Bourse enfreignent les lois boursières, touche à sa fin, les neuf jurés ayant débuté vendredi leurs délibérations.

Si Elon Musk "croit quelque chose, ou même y pense, alors c'est vrai, qu'importe si c'est objectivement faux ou exagéré", a argué l'avocat des plaignants, des investisseurs estimant avoir été lésés, dans sa plaidoirie finale.

Or les règles des marchés financiers sont là pour s'assurer que "tout le monde respecte les mêmes normes", y compris les milliardaires, a souligné Nicholas Porritt. "Les règles s'appliquent-elles à tout le monde ou Elon Musk peut-il faire ce qu'il veut et ne pas en assumer les conséquences?"

Le multientrepreneur avait surpris les investisseurs le 7 août 2018 en affirmant sur Twitter qu'il voulait retirer son groupe automobile de la Bourse au prix de 420 dollars par action, soit 23% de plus que le prix de clôture de la veille, puis en assurant que le financement était "sécurisé".

L'action avait bondi, finissant en hausse de 11% sur la journée, avant de décliner les jours suivants.

Des investisseurs pariant alors sur une baisse de l'action, des "short-sellers", estiment qu'Elon Musk a enfreint les lois boursières en présentant des informations fallacieuses ayant fait grimper l'action, et demandent des dédommagements.

Le juge en charge du dossier, Edward Chen, a déjà conclu que les tweets étaient effectivement trompeurs et que l'entrepreneur avait agi "de façon irresponsable".

Après trois semaines de procès, les jurés doivent décider si les tweets ont vraiment artificiellement gonflé l'action, et si oui, dans quelle proportion cela a pu affecter les plaignants.

Ils doivent aussi décider si les membres du conseil d'administration de Tesla peuvent être considérés comme responsables.

A la barre au début du procès, Elon Musk a assuré qu'il n'avait "jamais" cherché à tromper les investisseurs. Il pensait vraiment avoir accès à suffisamment de financement, quitte à vendre par exemple des actions de son autre entreprise SpaceX, a-t-il affirmé, tout en reconnaissant qu'il n'avait pas d'engagements fermes de la part de partenaires.

Son avocat, Alex Spiro, a aussi reconnu vendredi qu'écrire "financement sécurisé" était "techniquement inexact". Mais le financement "n'a jamais été le problème", a-t-il répété plusieurs fois.

"Ce n'est pas parce que c'est un mauvais tweet que cela en fait une fraude", a-t-il affirmé. Et ces deux mots sont tellement vagues que "personne ne savait vraiment ce que cela voulait dire", a fait valoir M. Spiro.

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