Ajoute début du remplissage de la fusée, arrivée Trump

CENTRE SPATIAL KENNEDY (awp/afp) - Malgré un ciel menaçant, le compte à rebours continue samedi en Floride, d'où une fusée SpaceX doit lancer deux astronautes de la Nasa dans l'espace. La mission est cruciale: le premier vol habité partant des Etats-Unis depuis neuf ans, et le premier confié à une société privée.

Un report d'un ou plusieurs jours est toujours possible en raison des risques météorologiques, mais SpaceX, fondée par Elon Musk, a donné le feu vert au remplissage des réservoirs de la fusée en kérosène et en oxygène liquide, en vue d'un décollage à 15H22 (19H22 GMT) au centre spatial Kennedy, sur la côte atlantique en Floride, sous les yeux de Donald Trump.

Le président, qui était déjà venu mercredi, est arrivé peu auparavant à bord d'Air Force One, alors que des émeutes se sont produites dans la nuit en réaction à la mort d'un homme noir, George Floyd, après son interpellation par la police.

"Bob et moi sommes prêts pour le lancement", avaient dit plus tôt Doug Hurley et Bob Behnken, les deux astronautes à bord.

Ils ont recommencé à l'identique ce qu'ils avaient déjà fait mercredi: ils ont revêtu leurs combinaisons spatiales blanches et noires, inspirées d'Hollywood; ils ont dit au revoir à leurs familles, sans contact; et un convoi les a conduits jusqu'à la fusée dans une voiture électrique Tesla, publicité offerte par la Nasa à Elon Musk qui a créé la marque.

Un peu moins de trois heures avant le décollage, ils sont montés dans la capsule Crew Dragon, au sommet d'une fusée Falcon 9, où ils attendaient l'ultime feu vert pour le lancement.

"C'est un rêve devenu réalité. Je ne pensais pas que ce jour arriverait vraiment", a dit Elon Musk mercredi dernier.

La mission peut sembler un pas modeste dans l'exploration spatiale: "Bob" et "Doug" n'iront ni sur la Lune ni vers Mars, seulement dans la vieille Station spatiale internationale, à 400 km de la Terre, où Russes et Américains et d'autres vont et viennent depuis 1998.

La Nasa, pourtant, y voit une "révolution", car SpaceX va redonner aux Etats-Unis un accès à l'espace, low-cost, moins cher que ses programmes précédents. Pour trois milliards accordés depuis 2011, SpaceX a entièrement développé un nouveau taxi spatial et promis à sa cliente six allers-retours vers l'ISS.

"Elon Musk a apporté au programme spatial américain la vision et l'inspiration qui nous manquaient depuis neuf ans, depuis la fin des navettes spatiales. Il est brillant", a loué le patron de la Nasa, Jim Bridenstine, vendredi.

Ejection possible

La confiance a dû se gagner. Elon Musk ne connaissait rien aux fusées quand il a fondé SpaceX en 2002. Ses trois premiers lancements échouèrent. Une fusée a explosé au sol avec un précieux satellite dans sa coiffe, une autre peu après le lancement avec un ravitaillement pour l'ISS. L'an dernier, la capsule Dragon elle-même a explosé lors d'un test des moteurs au sol. Le programme aurait dû commencer en 2017.

In fine, les responsables de la Nasa ont donné le feu vert pour confier à SpaceX deux de ses astronautes. Ils parlent de ce partenariat dans des termes extrêmement laudateurs: la responsable des vols commerciaux habités a évoqué "les miracles" accomplis par la collaboration des deux équipes.

Samedi dans la mythique salle d'allumage du centre Kennedy, ce ne sera pas un homme de la Nasa qui donnera le "go" ultime pour le décollage, mais le directeur de lancement de SpaceX, Michael Taylor, les officiels de l'agence spatiale américaine n'ayant pas de rôle dans le compte à rebours.

Crew Dragon est une capsule comme Apollo, mais version XXIe siècle. Des écrans tactiles ont remplacé boutons et manettes. L'intérieur est dominé par le blanc, l'éclairage plus subtil. Un seul cordon "ombilical" relie les combinaisons aux sièges pour fournir air frais et communications aux deux hommes.

Contrairement aux navettes, dont une a explosé en 1986 après le décollage (Challenger), Dragon peut s'éjecter en urgence si la fusée a un problème.

Si elle est certifiée sûre quand Dragon reviendra sur Terre dans quelques mois, les Américains ne dépendront plus des Russes pour accéder à l'espace: depuis 2011, les Soyouz étaient les seuls taxis spatiaux disponibles. Les acheminements depuis la Floride redeviendront réguliers, avec quatre astronautes à bord.

ico/la