Tesla a déployé dimanche un petit groupe de taxis autonomes transportant des passagers payants à Austin, au Texas. Le PDG Elon Musk a annoncé le "lancement du robotaxi" tandis que des influenceurs sur les réseaux sociaux ont partagé des vidéos de leurs premières courses.
L'événement marque la première fois que des véhicules Tesla sans conducteur humain transportent des clients payants, une activité que Musk considère comme cruciale pour l'avenir financier du constructeur de voitures électriques.
Il a qualifié ce moment de "couronnement d'une décennie de travail acharné" sur sa plateforme X, précisant que "les équipes de puces IA et de logiciels ont été constituées de zéro au sein de Tesla".
Des Tesla ont été aperçues tôt dimanche dans le quartier de South Congress, sans personne au volant mais avec un passager à l'avant. Le constructeur avait prévu un test limité avec environ 10 véhicules, chaque passager avant faisant office de "contrôleur de sécurité", bien qu'il reste flou sur leur degré de contrôle sur le véhicule.
Ces derniers jours, Tesla a invité un groupe sélectionné d'influenceurs à participer à un essai très encadré dans une zone restreinte. Les courses sont proposées à un tarif unique de 4,20 dollars, a indiqué Musk sur X.
L'investisseur Tesla et personnalité des réseaux sociaux Sawyer Merritt a publié dimanche après-midi des vidéos sur X, le montrant commander, se faire prendre en charge et se rendre dans un bar-restaurant local, Frazier's Long and Low, grâce à l'application robotaxi de Tesla.
Même si Tesla parvient à réussir ce déploiement limité, le constructeur devra encore relever d'importants défis pour tenir la promesse de Musk d'une expansion rapide à Austin et dans d'autres villes, selon les experts du secteur.
Il pourrait falloir des années, voire des décennies, à Tesla et à ses concurrents, tels que Waymo (filiale d'Alphabet), pour développer pleinement une industrie du robotaxi, estime Philip Koopman, professeur d'ingénierie informatique à l'Université Carnegie Mellon et spécialiste des véhicules autonomes.
Un essai concluant à Austin serait selon lui "la fin du début, et non le début de la fin".
La valeur boursière élevée de Tesla repose désormais largement sur sa capacité à livrer des robotaxis et des robots humanoïdes, selon de nombreux analystes du secteur. Tesla reste le constructeur automobile le plus valorisé au monde.
Alors que le lancement des robotaxis de Tesla approchait, les législateurs texans ont adopté un cadre réglementaire pour les véhicules autonomes. Vendredi, le gouverneur républicain Greg Abbott a signé une loi exigeant un permis d'état pour exploiter des véhicules sans conducteur.
Cette loi, qui entrera en vigueur le 1er septembre, montre que les responsables des deux partis souhaitent que le secteur avance avec prudence.
Tesla n'a pas répondu aux sollicitations des médias et le bureau du gouverneur a décliné tout commentaire.
« FACILE À OBTENIR, FACILE À PERDRE »
La loi adoucit la position antérieure du Texas, peu réglementée, sur les véhicules autonomes. Une loi de 2017 interdisait spécifiquement aux villes de réglementer ces technologies.
La nouvelle loi impose aux opérateurs de véhicules autonomes d'obtenir l'approbation du Department of Motor Vehicles du Texas avant de circuler sur la voie publique sans conducteur humain. Elle donne aussi aux autorités de l'état le pouvoir de révoquer les permis si un opérateur est jugé dangereux pour le public.
Les entreprises devront également fournir des informations sur la manière dont les premiers intervenants peuvent gérer leurs véhicules sans pilote en cas d'urgence.
Les exigences du permis pour un "véhicule à moteur automatisé" ne sont pas contraignantes, mais les entreprises doivent attester que leurs véhicules peuvent fonctionner légalement et en toute sécurité.
La loi définit un véhicule automatisé comme possédant au moins une capacité de conduite autonome de "niveau 4" selon une norme reconnue, c'est-à-dire pouvant rouler sans conducteur humain dans des conditions spécifiques. Le niveau 5, le plus élevé, signifie qu'une voiture peut se conduire seule en toutes circonstances.
La conformité reste bien plus simple qu'ailleurs, notamment en Californie, où la soumission de données de test sous supervision étatique est requise.
Bryant Walker Smith, professeur de droit à l'Université de Caroline du Sud, spécialisé dans la conduite autonome, estime que toute entreprise répondant aux exigences minimales pourra obtenir un permis au Texas, mais pourrait aussi le perdre en cas de problème.
« Les permis californiens sont difficiles à obtenir, faciles à perdre », note-t-il. « Au Texas, c'est facile à obtenir et facile à perdre. »
LES ENGAGEMENTS DE MUSK SUR LA SÉCURITÉ
Le lancement des robotaxis Tesla intervient après plus d'une décennie de promesses non tenues de Musk concernant la livraison de Tesla totalement autonomes.
Musk a affirmé que Tesla serait "super paranoïaque" sur la sécurité des robotaxis à Austin, notamment en limitant leur circulation à certaines zones.
Le service proposé à Austin sera soumis à d'autres restrictions : Tesla évitera les mauvaises conditions météorologiques, les intersections complexes et n'acceptera aucun passager de moins de 18 ans.
La commercialisation des véhicules autonomes s'est révélée risquée et coûteuse. Cruise, filiale de General Motors, a été fermée après un grave accident. Les régulateurs surveillent de près Tesla et ses concurrents Waymo et Zoox (Amazon).
Tesla fait aussi figure d'exception dans cette jeune industrie, renonçant aux technologies multiples pour la lecture de la route au profit des seules caméras. Selon Musk, cela sera aussi sûr et bien moins cher que les systèmes lidar et radar utilisés par ses rivaux.