Des compteurs qui courent plus vite que les voitures ?
Commençons par l’affaire qui sent la class action à plein nez. Tesla fait face à une proposition de recours collectif accusant l’entreprise de trafiquer les compteurs kilométriques de ses véhicules électriques pour les faire sortir prématurément de leur période de garantie. Une stratégie qui, si elle s’avère fondée, relèverait plus du tour de magie comptable que de l’innovation automobile. Elon Musk a toujours voulu repousser les limites de la technologie. Il semblerait qu’il s’attaque maintenant aux limites légales.
Model Y : le SUV économique... retardé pour cause inconnue (ou gênante)
Comme si ce n’était pas suffisant, Reuters a jeté un nouveau pavé dans la mare en révélant que le lancement de la version abordable du Model Y, aussi appelée E41 dans les couloirs feutrés de Tesla, serait reporté de plusieurs mois, voire à 2026. Ce véhicule était censé redonner un coup d’accélérateur aux ventes en berne, en particulier sur les marchés où Tesla est bousculée par les constructeurs chinois et la lassitude des consommateurs face à une gamme qui commence sérieusement à sentir le réchauffé. La nouvelle a glacé les investisseurs, qui rêvaient encore d’un miracle low-cost avant l’été. Ce modèle devait être la réponse à la baisse des livraisons et à la contraction des marges, mais il semble que même chez Tesla, on ne puisse pas produire un SUV en chantant "let it go".
Robotaxis, Cybercab et gouvernement Trump : un PDG trop multitâche ?
Ajoutons à cela une pincée de géopolitique et une louche de distractions présidentielles : Elon Musk, entre deux apparitions dans les allées du pouvoir, dirige toujours Tesla… du moins sur le papier. Son implication au sein du Department of Government Efficiency (oui, oui, le DOGE) sous l’administration Trump soulève de plus en plus de questions, notamment sur le temps et l’attention qu’il peut encore consacrer à son entreprise. Ses détracteurs l’accusent d’avoir sacrifié la réputation de Tesla sur l’autel de l’idéologie. Résultat : actes de vandalisme dans les concessions, baisse d’image de marque, et ventes en chute libre en Californie, jadis bastion du constructeur.
Des marges à l’agonie et des Cybertrucks en promo
En coulisses, Tesla tente tant bien que mal de limiter les dégâts. L’entreprise offre désormais des promotions juteuses sur ses Cybertrucks, visiblement plus faciles à produire qu’à vendre. Le rappel massif du modèle en mars, pour corriger des panneaux extérieurs capricieux, n’a pas aidé à rassurer le public. Quant aux marges, elles fondent comme neige au soleil. Les analystes tablent sur une marge brute automobile de 11,83 % (hors crédits réglementaires), contre 13,6 % au trimestre précédent. Tesla privilégie désormais les volumes à la rentabilité, quitte à distribuer des cadeaux comme la recharge gratuite ou des options d’autonomie, à défaut de livrer de la valeur pour l’actionnaire.
L’ultime bastion d’optimisme… ou de naïveté ?
Malgré tout, les éternels optimistes de chez Wedbush continuent d’y croire, qualifiant Tesla de l'une des entreprises technologiques "les plus disruptives" au monde. On croirait entendre Cathie Wood. La firme veut croire que Musk, s’il abandonne son rôle dans l’administration Trump, pourrait encore sauver la mise. L’innovation, la robotique, la conduite autonome... tout est là, sur le papier. Mais le marché ne vit pas d’utopies, surtout quand les SUV bon marché n’arrivent pas et que les voitures autonomes sont toujours coincées dans la phase "bêta".
Le titre Tesla, déjà en baisse de 44 % depuis le début de l’année, continue sa descente aux enfers. Entre les retards produits, les controverses judiciaires, les choix politiques du patron et une stratégie marketing qui ressemble de plus en plus à une braderie géante, l’entreprise donne l’impression de courir après un avenir qu’elle ne parvient plus à façonner. À ce stade, ce n’est plus une correction, c’est une chute qui interroge : et si Tesla n’était plus une promesse technologique, mais un avertissement boursier grandeur nature ?