Le parcours du titre du groupe californien est à l'image de son patron, Elon Musk : toujours dans l'excès. Le début d'année 2020 est assez délirant : +40% depuis le 1er janvier alors que les marchés sont empêtrés dans le coronavirus chinois et que les autres constructeurs automobiles multiplient les communiqués pour expliquer qu'ils vont retarder qui d'un jour, qui de trois jours, la réouverture de leurs usines chinoises.

Tesla bénéficie d'un rare alignement de planètes. Le constructeur n'a pas vraiment à se préoccuper du durcissement des législations sur les émissions polluantes. Il n'a pas été entaché par les scandales sectoriels. Il dispose d'un étonnant blanc-seing des investisseurs sur son lancement en Chine, un marché compliqué sur lequel beaucoup de constructeurs rompus aux joutes commerciales se sont cassés les dents. Il a une incroyable image d'innovation dans une industrie des plus traditionnelles. Il profite d'une mansuétude inédite sur la trajectoire et la fiabilité de ses résultats.

Tesla, à ne pas (encore) valoriser avec le PER

Pour couronner le tout, Elon Musk n'a pas fait trop d'écarts dernièrement : pas de joint devant la caméra, pas trop de déclarations à l'emporte-pièce, pas trop d'agressions verbales de ses détracteurs… Il a certes pulvérisé en direct une vitre réputée incassable du nouveau Cybertruck ou esquissé un pas de danse de son cru pour le lancement du projet d'usine de la marque à Shanghai. Mais rien de bien terrible. En tout cas rien qui n'écorne son image de type sympa, gaffeur, mais terriblement en réussite.

Ceux qui ont cru à l'aventure Tesla dès l'origine n'ont pas trop à se plaindre, sauf peut-être de quelques crises d'angoisse. Les actions avaient été introduites à 17 USD fin juin 2010. Mettons que vous ayez consacré 1000 USD de votre portefeuille au constructeur américain à l'époque et que vous n'ayez jamais cédé à la tentation de tout vendre durant les tempêtes traversées par l'entreprise. Vous auriez actuellement 45 880 USD.

La comparaison avec les acteurs en place est douloureuse. Mise en graphique sur 10 ans, elle ressemble à ce qui suit. On constate aisément que les derniers mois sont tout à fait exceptionnels. Et aussi un peu inquiétants. 

Evolution des cours des constructeurs automobiles sur 10 ans
Evolution des cours de bourse des constructeurs automobiles sur 10 ans