New York (awp/afp) - La Bourse de New York a terminé en baisse mercredi, froissée par l'accélération de l'inflation aux Etats-Unis, mais a finalement limité ses pertes, se faisant à l'idée que la Banque centrale américaine (Fed) était prête à se montrer encore plus agressive.

Le Dow Jones a perdu 0,67%, l'indice Nasdaq, à forte composition technologique, a lâché 0,15%, et l'indice élargi S&P 500, 0,45%.

L'indice des prix CPI a fait ressortir, en juin, une hausse de 9,1% sur un an, soit plus que les 8,8% attendus par les économistes. C'est le chiffre le plus élevé sur un an depuis novembre 1981.

La surprise du CPI est, en grande partie, liée à l'explosion des prix de l'essence (+11,2% en juin sur un an). Mais les économistes relevaient également que l'inflation dite sous-jacente, c'est-à-dire hors énergie et alimentation, était aussi plus élevée que prévu.

"L'inflation est désormais enracinée et c'est exactement ce qui inquiète le plus les investisseurs et les banquiers centraux", a expliqué Jeffrey Roach, de LPL Financial.

Le chiffre "est laid, il n'y a pas à tortiller", a commenté Cliff Hodge, de Conerstone Wealth. "La Fed n'a pas le choix et doit se montrer plus agressive encore, ce qui augmente la probabilité d'une récession l'an prochain."

Au fil de la séance, le scénario d'une hausse de taux d'un point lors de la prochaine réunion du Comité monétaire de la Fed, fin juillet, a commencé à émerger, ce qui serait une première depuis les années 1980.

Les opérateurs évaluent désormais à 77% la probabilité d'un tel relèvement, alors qu'ils la jugeaient nulle il y encore une semaine.

Pour autant, cette hypothèse d'une Fed jouant des muscles comme jamais depuis plus de 30 ans n'a pas fait décrocher Wall Street.

"Actuellement, le marché souhaite que la Fed agisse le plus vite et le plus fort possible", a décrypté Gregori Volokhine, de Meeschaert Financial Services.

"Si les chiffres d'inflation sont très élevés alors que l'économie continue de se porter bien, la Fed sera agressive et assez rapidement, on tournera cette page de hausses de taux", a-t-il poursuivi. "C'est pour cela que le marché ne s'écroule pas."

"Actuellement", selon lui, "le seul risque pour l'économie, c'est l'inflation. Que ça casse la consommation en coupant le pouvoir d'achat."

Ainsi, alors que l'idée d'une trajectoire encore plus raide de la politique monétaire est, en théorie, très défavorable aux valeurs technologiques et de croissance, plusieurs d'entre elles sont repassées dans le vert en cours de séance.

Amazon (+1,08%), Tesla (+1,70%) ou Qualcomm (+2,02%) ont tous fini en nette hausse.

Autre surprise, après avoir bondi initialement après la publication de l'indice CPI, les taux obligataires ont rebroussé chemin. Le rendement des emprunts américains à 10 ans s'est détendu jusqu'à 2,92%, contre 2,96% la veille.

Le taux à 2 ans, lui, a en revanche grimpé à 3,13%, contre 3,04%, signe que le marché s'attend à une moindre croissance à long qu'à moyen terme, ce qui augure d'une possible récession.

Immédiatement après la publication du CPI, le dollar est passé, pour la première fois depuis 2002, au-dessus d'un euro, à 0,9998 dollar pour un euro.

Sur la séance de mercredi, Wall Street a livré un improbable cocktail, avec de nombreuses valeurs technologiques en hausse, au diapason de plusieurs valeurs dites défensives, c'est-à-dire moins sensibles à la conjoncture, comme PepsiCo (+0,35%), Kraft Heinz (+0,98%) ou Merck (+0,18%).

L'action Twitter a décollé (+7,90% à 36,75 dollars) après que le fonds alternatif (hedge fund) Hindenburg Research a révélé avoir pris une participation au capital du réseau social, convaincu que la plateforme a un "dossier solide" pour prévaloir en justice face à Elon Musk.

Bien qu'étant parvenue à dégager un bénéfice au deuxième trimestre, la compagnie Delta Air Lines a fait moins bien qu'attendu, ce qui lui a valu une sanction du marché (-4,47% à 29,70 dollars).

Le transporteur aérien a emmené avec lui tout le secteur, d'American Airlines (-3,11%) à United Airlines (-0,84%).

tu/cco