New York (awp/afp) - La Bourse de New York a terminé en forte baisse vendredi, prise à rebrousse-poil par des chiffres de l'emploi qui témoignent de la vigueur de l'économie américaine et qui devraient encourager la banque centrale du pays (la Fed) à continuer à monter ses taux.

Le Dow Jones a cédé 2,11%, l'indice Nasdaq a lâché 3,80% et l'indice élargi S&P 500, 2,80%.

L'économie américaine a créé 263.000 emplois en septembre, contre 315.000 en août, selon le rapport publié vendredi par le ministère du Travail, soit légèrement moins que les 275.000 sur lesquels tablaient les économistes.

"Même si c'est le plus faible gain depuis avril 2021, cela reste nettement au-dessus des 100.000 créations d'emplois nécessaires pour absorber les nouveaux arrivants sur le marché du travail", a commenté Daniel Vernazza, d'UniCredit.

"La Fed verra sûrement ce rapport comme solide et non comme" le signe d'un "ralentissement substantiel qu'elle dit attendre avant de ralentir la hausse de ses taux", a ajouté l'économiste, dans une note.

Les investisseurs ont aussi noté la baisse surprise du taux de chômage, à 3,5% contre 3,7% le mois précédent, ce qui va également "frustrer la Fed car un marché de l'emploi tendu peut pousser les salaires vers le haut", selon Jeffrey Roach, de LPL Financial.

Nancy Vanden Houten d'Oxford Economics a d'ailleurs relevé que "la pression sur les salaires (n'avait) diminué que marginalement", le salaire horaire ayant augmenté de 5,0% sur un an, contre 5,3% le mois précédent.

Pour Nick Reece, de Merk Investments, "le point clé" est à chercher dans la participation au marché du travail de la population en âge d'être active, qui a diminué à 62,3%, contre 62,4% en août.

Or, "la Fed voudrait voir davantage de retours sur le marché du travail", ce qui contribuerait à freiner l'inflation, selon lui, en augmentant l'offre de travail par rapport à la demande.

La plupart des économistes tablent désormais sur un nouveau relèvement de 0,75 point de pourcentage du taux directeur de la Fed en novembre, qui serait le quatrième d'affilée.

Cette perspective a fait de nouveau grimper les taux obligataires. Le rendement des emprunts d'Etat américains à 2 ans, plus représentatif des anticipations du marché en termes de politique monétaire que le taux à 10 ans, est monté jusqu'à 4,34%, à un souffle du sommet de 15 ans enregistré fin septembre.

Le taux à 10 ans est lui remonté à 3,88%, contre 3,82% la veille.

Cette inflexion des taux obligataires a entraîné avec elle tout le secteur technologique, sensible aux conditions de crédit, dont il dépend pour financer sa croissance.

Nul n'a été épargné, surtout pas les poids lourds de la cote, que ce soit Apple (-3,67%), Microsoft (-5,09%), Alphabet (-2,61%) et Amazon (-4,77%). Meta (-4,04%) et Intel (-5,37%) sont même descendus, à leur plus bas niveau de l'année.

Ce dernier a, en outre, été pénalisé par l'avertissement sur résultat de son concurrent AMD (-13,87% à 58,44 dollars), qui s'attend à un chiffre d'affaires bien moindre qu'attendu au troisième trimestre, plombé par l'affaiblissement de la demande d'ordinateurs PC, doublé d'un déstockage "significatif" qui réduit les volumes commandés à l'entreprise de Santa Clara (Californie).

Outre Intel, AMD a poussé tout le secteur des semi-conducteurs vers les profondeurs, de Nvidia (-8,03%) à Broadcom (-3,97%).

Twitter s'est replié légèrement (-0,53% à 49,13 dollars), au lendemain de la décision d'une juge du Delaware de suspendre son action en justice contre Elon Musk jusqu'au 28 octobre pour laisser le temps aux parties de s'entendre éventuellement sur le rachat de la plateforme par l'entrepreneur.

Avant cette décision, le groupe à l'oiseau bleu avait refusé de renoncer à son contentieux, comme le lui demandait le patron de Tesla, qui assurait vouloir de nouveau acquérir le réseau social.

Tesla a lui dévissé (-6,32% à 223,07 dollars), les investisseurs vivant mal les multiples rebondissements de la saga Twitter et l'incertitude qu'il fait peser sur Elon Musk. Ce dernier avait pourtant annoncé jeudi les premières livraisons de son camion électrique, début décembre à PepsiCo, qui a confirmé vendredi.

L'icône du jean Levi Strauss a perdu plusieurs tailles vendredi (-11,68% à 14,07 dollars) après avoir revu, jeudi, son objectif de bénéfice et de chiffre d'affaires à la baisse pour l'ensemble de son exercice 2022.

Le groupe a justifié cet avertissement par des effets de change défavorables et des prévisions "plus prudentes" sur ses marchés européens et américain.

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