(Actualisé tout du long avec précisions sur la situation à Shanghai)

par Eduardo Baptista, Thomas Suen et David Stanway

PEKIN/SHANGHAI, 28 avril (Reuters) - Dans la capitale chinoise Pékin, confrontée à une recrudescence des contaminations par le coronavirus responsable du COVID-19, les autorités ont annoncé jeudi la fermeture de certains lieux publics, alors que la campagne de dépistage massif se poursuit, dans le but d'éviter un confinement strict comparable à celui qui paralyse Shanghai depuis un mois.

La Chine est confrontée à une flambée épidémique sans précédent depuis deux ans, la propagation rapide du variant Omicron, particulièrement contagieux, mettant à l'épreuve la stratégie "zéro COVID" retenue par les autorités.

Dans ce contexte, les craintes s'accentuent autour de la perspective de voir se succéder pendant les prochains mois la mise sous cloche de certaines régions tandis que d'autres lèveraient les restrictions, ce qui pénaliserait lourdement l'économie chinoise tout en accentuant l'exaspération de la population.

Selon des données des analystes de Nomura, 46 villes chinoises sont actuellement soumises à un confinement partiel ou total, soit un total de 343 millions de personnes.

A Pékin, la découverte de cas de contaminations dans le cadre des trois cycles de dépistage de masse prévus cette semaine dans plusieurs quartiers de la capitale a conduit jeudi à l'isolement de complexes résidentiels, immeubles de bureaux et d'une université. Des écoles, lieux de divertissement et sites touristiques ont également été fermés.

Le parc d'attractions Universal Studios Pékin a de son côté annoncé que les visiteurs seraient tenus de présenter un test négatif avant de pouvoir accéder au site à compter de vendredi.

Sur les près de 20 millions d'échantillons - pour un total de 22 millions de Pékinois - recueillis dans le cadre de la première phase de ce dépistage massif, le nombre de cas de contamination identifié reste faible.

PEU DE NOUVELLES CONTAMINATIONS À PÉKIN

Un responsable des services sanitaires de la ville a fait savoir jeudi après-midi que 56 nouvelles contaminations avaient été enregistrées au cours des 24 heures écoulées.

Depuis le 22 avril, 194 cas de contamination par le coronavirus SARS-CoV-2 ont été détectés à Pékin, dont plus de la moitié à Chaoyang, le quartier le plus peuplé de la capitale, connu pour sa vie nocturne, ses centres commerciaux et ses ambassades.

Un confinement intégral de la capitale chinoise, qui abrite peu d'usines et où la plupart des salariés sont susceptibles de télétravailler, serait moins préjudiciable sur le plan économique que celui qui paralyse Shanghai depuis un mois.

Pour autant, Pékin est lancée dans une course contre la montre pour éviter de connaître le même sort que la capitale économique et financière du pays, dont la majorité des 25 millions d'habitants, strictement confinés à domicile depuis un mois, peinent parfois à se nourrir ou à se faire soigner, faute d'un ravitaillement suffisant par les autorités.

Les lourdes contraintes de la stratégie "zéro COVID" adoptée par les autorités chinoises - qui vise à contenir chaque foyer de contamination, même minime, par des mesures drastiques de traçage et d'isolement - ont été ouvertement contestées par des habitants de Shanghai qui ont laissé éclater leur colère en criant ou en tapant sur des casseroles depuis les fenêtres de leur appartement.

Si aucune inflexion majeure de cette stratégie ne semble se dessiner, les autorités chinoises souhaitent éviter la répétition de telles scènes à Pékin, alors que le président chinois Xi Jinping, 68 ans, devrait être reconduit à la présidence pour un troisième mandat de cinq ans lors du vingtième congrès du PCC, prévu à l'automne.

RÉPERCUSSIONS ÉCONOMIQUES

Le confinement de Shanghai a été décrété fin mars, à un moment où le nombre de nouvelles contaminations quotidiennes s'élevait à plusieurs milliers, contre moins d'une centaine chaque jour au début du mois.

Après un mois de confinement strict, l'horizon semble s'éclaircir, le nombre de nouveaux cas continuant de décliner, et les autorités préparent désormais la reprise de l'activité en s'appuyant notamment sur la vaccination.

"A condition que les risques épidémiques soient contrôlés, nous encourageons activement la vaccination anti-COVID-19, en ciblant particulièrement les personnes âgées", a déclaré Zhao Dandan, directeur adjoint de la commission sanitaire de la mairie de Shanghai.

Ce responsable a expliqué que les quartiers de la ville étaient en train de mettre en place des campagnes vaccinales mobiles, ainsi que des centres de vaccination temporaires dans les maisons de retraite.

Au-delà de leur impact sur les conditions de vie de la population, les restrictions à Shanghai ont lourdement pénalisé l'économie chinoise.

Si des centaines d'usines ont été autorisées à redémarrer, les fédérations industrielles signalent que la plupart des sites peinent à retrouver une activité normale, avec des salariés confinés à domicile et des restrictions de transports empêchant l'approvisionnement en composants, par exemple.

Ces problèmes se répercutent au-delà des frontières de la Chine en pénalisant les chaînes de production mondiales. Les conglomérats General Electric et 3M, ou encore les fabricants de puces Texas Instruments et SK Hynix ont prévenu que leurs résultats seraient affectés par les répercussions des restrictions en Chine.

Selon des estimations de la Société Générale, les provinces soumises à de sévères restrictions en termes de mobilité fournissent 80% du produit intérieur brut (PIB) de la Chine. (Reportage Ryan Woo, David Stanway, Thomas Suen, Eduardo Baptista, Albee Zhang et Yifan Wang, rédigé par Marius Zaharia ; version française Myriam Rivet, édité par Tangi Salaün)