PARIS (awp/afp) - Les restaurateurs d'Ile-de-France étaient soulagés dimanche soir du feu vert annoncé par Emmanuel Macron à une réouverture anticipée de leurs établissements après trois mois de fermeture pour cause de crise sanitaire, mais ils restent inquiets sur la reprise.

"Cela va être une fête", s'est réjoui Stéphane Manigold, restaurateur parisien. "On a envie. On attendait le discours du président de la République. Les équipes sont là. Elles ont envie de travailler".

Mais ce patron qui dirige quatre établissements (La Maison Rostang, Substance, Contraste et Le Bistrot d'à côté Flaubert) a regretté que l'annonce intervienne le dimanche soir pour le lundi alors qu'il aurait eu besoin d'être prévenu à l'avance.

"Pour nous, demain, ce n'est pas possible d'ouvrir. Au mieux on ouvre mercredi deux établissements et tous les autres la semaine prochaine", a-t-il dit. "Un jour peut-être les politiques comprendront qu'un restaurant ça ne se rouvre pas du jour au lendemain. On aurait pu éviter cette brutalité".

Pour Gabin Jarry, patron de la pizzeria Rivoluzione à Paris, qui témoignait sur TF1, pouvoir rouvrir demain "c'est réjouissant mais on n'est pas encore tiré d'affaire": "il ne faut pas oublier qu'on conserve la distanciation d'un mètre qui réduit notre capacité d'accueil et automatiquement qui réduit notre chiffre d'affaires. Et nous, on conserve les mêmes loyers" à payer.

"Dès demain, tout le territoire, à l'exception de Mayotte et de la Guyane où le virus circule encore activement, (...) passera dans (...) la zone verte, ce qui permettra notamment une reprise plus forte du travail et la réouverture des cafés et restaurants en Ile-de-France", a déclaré dimanche soir Emmanuel Macron, dans une allocution télévisée.

Cette réouverture, qui intervient un peu plus tôt qu'anticipé, était espérée par les restaurateurs d'Ile-de-France, dont les établissements étaient fermés depuis près de trois mois en raison de la crise sanitaire.

Mardi dernier, le secrétaire d'État en charge du tourisme, Jean-Baptiste Lemoyne, avait ouvert la porte à cet assouplissement, estimant que "le recul progressif du virus devrait permettre d'avancer de quelques jours la réouverture des restaurants dans leur ensemble".

"C'est un ouf de soulagement de pouvoir enfin reprendre le boulot sur toute la France", a confié à l'AFP Didier Chenet, président du syndicat patronal GNI (Groupement national des indépendants), mais il a réclamé la fin de la distanciation obligatoire d'un mètre entre chaque client.

La clientèle reste absente

"Le moral ne sera au beau fixe que le jour où on supprimera cette distanciation. Avec la distanciation d'un mètre, la reprise va se faire de façon très dégradée et dans des conditions économiques qui ne sont pas viables pour nos entreprises", a-t-il estimé.

Selon lui, cette mesure réduit au minimum de 50% la capacité des établissements.

Par ailleurs, "les restaurateurs savent très bien qu'ils ne vont pas retrouver aussi vite leur clientèle, notamment étrangère", a-t-il déploré. Selon lui, l'une des grosses difficultés est l'absence de clients au déjeuner en raison du chômage partiel et surtout du télétravail qui maintiennent de nombreux salariés à leur domicile.

Sur la base d'une enquête auprès des adhérents du GNI, il estime entre 20% et 25% la part des établissements qui vont disparaître dans les mois qui viennent, entre ceux qui ne rouvriront pas du tout leurs portes et ceux qui ne tiendront pas le choc.

Le 2 juin, les bars, cafés et restaurants dans les régions classées en zone "verte" avaient pu rouvrir, mais pas les établissements de Paris et de sa région maintenus en zone"orange" et qui avaient dû se contenter d'accueillir leurs clients uniquement en terrasse, en attendant la troisième phase du déconfinement prévue le 22 juin.

En région parisienne, seuls 55% des établissements avaient ainsi partiellement rouvert.

Le secteur, qui compte 168.000 restaurants et 38.800 bars ou cafés dans l'Hexagone, a été sévèrement mis à mal par le confinement instauré mi-mars.

A la date du 9 juin, un total de 8 milliards d'euros de Prêts garantis par l'Etat (PGE) avaient été accordés au secteur du tourisme, dont 6,42 milliards d'euros uniquement pour les hôtels, cafés et restaurants, selon les données du quai d'Orsay.

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