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actualise avec l'opposition de la grande distribution

PARIS (awp/afp) - Au nom de "l'équité" et de la sécurité sanitaire, le gouvernement pourrait décider de fermer les rayons "non essentiels" des grandes surfaces, plutôt que d'autoriser des petits commerces à rouvrir, mais la grande distribution a manifesté dimanche son hostilité à une telle mesure.

Le Premier ministre est l'invité dimanche soir du journal de 20H00 de TF1 et pourrait arbitrer cette question, alors que la polémique monte sur la fermeture des petits commerces pendant le confinement. Jean Castex s'est entretenu en visioconférence avec les fédérations professionnelles ainsi que les associations de commerçants de proximité.

Afin de "rétablir l'équité" avec les commerces de proximité, le gouvernement pourrait décider de fermer "des rayons de produits qui ne sont pas de première nécessité" dans les grandes surfaces, a indiqué dimanche le ministre de l'Economie Bruno Le Maire sur BFMTV, alors que les autorités sanitaires ont fait état samedi de 35.000 cas positifs en 24 heures et 3.443 malades hospitalisés en réanimation.

Ces fermetures de rayons pourraient, selon Bruno Le Maire, être accompagnées d'un durcissement des "jauges" de clients dans les grandes surfaces, c'est-à-dire du nombre de personnes admises en même temps.

La fédération de la grande distribution (FCD) a déjà fait part de sa "totale incompréhension" et de son "opposition" à cette option.

Pour Intermarché, Leclerc, Carrefour ou Lidl, une telle mesure "manque de justification sur le plan sanitaire", "compliquerait la vie des Français" et serait "techniquement très difficile à mettre en oeuvre dans de nombreux magasins". Elle "entraînerait la mise au chômage partiel de plusieurs dizaines de milliers de salariés, sans aucune justification réelle", a prévenu la FCD dans un communiqué.

Noël pour le commerce en ligne?

Durement touchés au printemps, de nombreux commerçants sont entrés avec appréhension dans ce deuxième confinement, malgré un assouplissement qui leur permet d'organiser le retrait de commandes en magasin et des livraisons, et l'aide du gouvernement pour présenter leur offre en ligne. Ils craignent notamment de rater la période de Noël, au profit du commerce en ligne et des grandes surfaces.

La colère des libraires s'était notamment cristallisée vendredi autour de la Fnac, qui continuait vendredi à vendre des livres, avant que le groupe ne ferme ses rayons de lui-même pour deux semaines. Et que le gouvernement n'étende cette fermeture vendredi soir à tous les rayons livres et culture des grandes surfaces alimentaires et spécialisées.

Mais de nombreux libraires exigent toujours de rester ouverts, certains bravant l'interdiction.

La Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) a salué dimanche la fermeture de rayons évoquée par le gouvernement qui "pourrait, à court terme, rétablir l'équité avec le commerce de proximité". Mais elle réclame surtout "la possibilité, en fonction du contexte sanitaire, de rouvrir les commerces" localement, sur décision préfectorale.

Des emplois en jeu

Les grandes enseignes demandent au gouvernement de "privilégier une réouverture progressive des petits commerces, sur rendez-vous, accompagnée de mesures de contrôle accrue des jauges actuelles dans les magasins".

Pour le syndicat FO de la distribution, "en cas de fermeture, seuls les géants de la vente en ligne comme Amazon en tireraient profit", notamment à Noël. "Des dizaines de milliers d'emplois sont en jeu".

Si le gouvernement venait à prendre cette décision, la FCD demande au moins un "délai technique" et un "régime spécifique" pour les magasins moyens et petits en zone urbaine. Elle demande également de limiter cette mesure "strictement aux produits non essentiels", et de laisser en vente les produits de "première nécessité" (droguerie, hygiène, petit habillement...) et ceux vendus ailleurs comme pour le bricolage, le jardinage et la parapharmacie.

Des maires (à Perpignan, Brive, Beaune, etc.) ont pour leur part pris des arrêtés autorisant l'ouverture des commerces non-alimentaires sur leur commune, dénonçant l'"inégalité" de traitement face à la grande distribution et à la vente en ligne.

Bruno Le Maire a dénoncé dimanche "cette poignée de maires irresponsables" qui "pensent qu'ils soutiennent les commerçants". "En réalité, ils menacent la santé des Français", a affirmé le ministre.

De son côté, le Sénat a annoncé dimanche que sa commission des Affaires économiques entendrait lundi à 16H30 le ministre délégué aux PME Alain Griset "sur la réponse que souhaite apporter le gouvernement à ces contestations".

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