TF1 (+1,11% à 8,645 euros) et M6 (+1,84% à 17,72 euros) devraient être fixés sur leur sort d'ici un peu plus d'un an. C'est en tout cas le calendrier qu'a communiqué Isabelle de Silva, la présidente de l'Autorité de la concurrence, à propos du projet de fusion des deux groupes audiovisuels annoncé mi-mai. Interrogée ce mardi matin dans l'émission Good Morning Business sur BFM Business, Isabelle de Silva a en effet annoncé qu'elle se donnait jusqu'à l'été 2022 pour évaluer si ce rapprochement "peut créer un effet négatif pour la concurrence".

Tout d'abord, l'Autorité devra se pencher sur les implications pour le marché de la publicité. A eux deux, TF1 et M6 représentent pas moins de 70% de la publicité audiovisuelle. En l'état, une fusion les propulserait alors en situation de quasi-monopole. Une situation toutefois à nuancer, l'importance du média Internet étant de plus en plus prépondérant pour ces acteurs, un support sur lequel le marché publicitaire est dominé par les GAFA. 

A titre de comparaison, les recettes publicitaires en France en 2020 de Google sont pratiquement équivalentes à celles de TF1 et M6 réunis, soit environ 2,5 milliards d'euros.

C'est à partir de cette notion de " 'marché pertinent' que nous allons examiner les parts de marché et l'effet de l'opération", a expliqué Isabelle de Silva. "Est-ce que ce marché doit être modifié pour intégrer peut-être toute la publicité en ligne ou peut-être certains segments de la publicité en ligne?", s'est interrogée la dirigeante. 

"Pour savoir si c'est un mouvement qu'il faut faire, et qui n'a pas encore été fait ni en France ni en Europe, nous allons interroger de manière très approfondie les acteurs, ceux qui font de la publicité, ceux qui achètent des espaces publicitaires, pour voir si les choses sont comparables", a-t-elle poursuivi.

Le second sujet que l'Autorité de la concurrence devra étudier concerne les acquisitions des droits audiovisuels, aussi bien concernant les films et séries que les évènements sportifs. 

Isabelle de Silva a expliqué que "lorsqu'il y a un rapprochement entre deux acteurs qui pèsent déjà lourd comme TF1 et M6 [environ 42% de parts d'audience combinées, ndlr], cela peut modifier les conditions de vente des produits ou des programmes par les producteurs. C'est un élément important".

Enfin, la présidente du gendarme de la concurrence a également évoqué les potentielles implications pour la distribution des programmes, les programmes de télévisions gratuite pouvant être distribués via des plateformes telles que Salto, à laquelle prennent part TF1 et M6, ou encore les box de fournisseurs d'accès à Internet.

Pour rappel, afin de respecter la législation française sur les autorisations d'émettre, qui impose pour un même groupe de posséder au maximum 7 chaînes de télévision sur la TNT (TF1 et M6 en ont cinq chacune), M6 sera scindé en deux entités distinctes, Services et Edition.

La première sera absorbée par TF1, alors que la seconde restera cotée et détenue à 48,3% par le nouvel ensemble. La nouvelle entité fusionnée sera détenue à 30% par Bouygues, l'actionnaire de contrôle de TF1, et à 16% par RTL Group, la filiale de l'allemand Bertelsmann.

Valeurs citées dans l'article : TF1, Métropole Télévision