Paris (awp/afp) - Les activités liées à l'aéronautique civile, plombées par la crise sanitaire, ont fait plonger de plus de moitié le bénéfice net de Thales en 2020, qui a pu compter sur ses activités de défense pour résister.

Le groupe de technologie et de défense a publié jeudi un bénéfice net en chute de 57%, à 483 millions d'euros, des dépréciations d'actifs venant accentuer la chute d'un tiers de son bénéfice opérationnel (1,35 milliard d'euros).

Des résultats "logiquement marqués par la crise du Covid-19", explique dans un communiqué le groupe qui est toutefois parvenu à dégager une marge opérationnelle "tout à fait correcte" de 8%, selon son PDG Patrice Caine.

Cette rentabilité a été portée par le secteur Défense et sécurité, qui a représenté plus des trois quarts de son bénéfice opérationnel alors qu'il représente près de la moitié de l'activité de l'entreprise.

Le chiffre d'affaires a baissé de 7,7% sur l'année (10,4% à périmètre et taux de change constants), à 17 milliards d'euros. Les différentes branches sont différemment affectées.

La division Aérospatiale (aéronautique civile et militaire, activités spatiales) a vu son chiffre d'affaires plonger de 24,6% -de 40% pour le seul aéronautique civil- en raison des conséquences durables de l'effondrement du trafic aérien.

"80% de la baisse de la rentabilité du groupe en 2020 vient uniquement de la baisse de l'activité civile aéronautique", a expliqué le directeur financier Pascal Bouchiat lors d'une conférence de presse.

L'activité Défense et sécurité affiche une baisse de 2,2% sur l'année mais a bénéficié "d'un effet de rattrapage au second semestre 2020 avec un chiffre d'affaires en croissance organique de 3,2%".

Les branches Transports terrestres et Identités et sécurités numériques (cybersécurité, internet des objets, documents sécurisés), sont elles aussi en baisse, respectivement de 13,9% et 5,9% à périmètre et taux de change constants.

Patrice Caine dit toutefois trouver des "sources de satisfaction" avec des prises de commandes qui ont bien résisté (-3%, à 18,5 milliards d'euros) et qui permettent à Thales d'enregistrer un "record historique" de son carnet de commandes, à 34,4 milliards d'euros.

Commandes de fin d'année

Le groupe a notamment engrangé 13 "grandes commandes", supérieures à 100 millions au dernier trimestre, contre six sur les neuf premiers mois de l'année.

Parmi elles, une commande de 354 millions d'euros liée aux futurs satellites de communication militaires français Syracuse IV, une autre de 1,5 milliard pour la fourniture des systèmes électroniques des quatre futures frégates allemandes MKS 180.

Pour faire face aux vents contraires, Thales a taillé dans ses coûts à hauteur de 850 millions d'euros, réduisant notamment de 25% ses investissements.

Mais le groupe ne veut "pas baisser la garde" sur la recherche-développement, maintenue au-dessus du milliard d'euros pour sa partie autofinancée et dont la baisse a été "assez marginale" en 2020. La R&D "caractérise la capacité du groupe à se différencier par la technologie", selon Patrice Caine.

"Et Thales est une société qui continue à recruter. En 2020, malgré la crise, nous avons embauché plus de 1.500 personnes en France. Ce sera la même chose en 2021", a-t-il affirmé.

L'entreprise prévoit pour 2021 une évolution prudente de son chiffre d'affaires, attendu en légère hausse, "compris entre 17,1 et 17,9 milliards d'euros".

"On est effectivement prudent s'agissant de l'aéronautique civile avec une comparaison délicate sur le premier trimestre" 2020 quand la crise ne s'était pas encore faite sentir, a expliqué Pascal Bouchiat.

Pour les autres activités, "on reprend notre marche en avant avec des taux de croissance qu'on a connus dans le passé au niveau du groupe".

Thales, qui compte verser cette année un dividende, prévoit également pour 2021 une amélioration de sa marge opérationnelle, comprise "entre 9,5% et 10%" et un ratio "book-to-bill" (prises de commandes sur chiffre d'affaires, qui mesure le renouvellement du carnet de commandes) "supérieur à 1".

Les contrats passés en février, de 3 milliards de dollars avec l'opérateur canadien Telesat pour la fourniture d'une constellation de 300 satellites de communication et de 772 millions d'euros avec la Commission européenne pour six satellites Galileo, devraient y aider.

afp/ck