Thales a publié ce matin des résultats 2023 supérieurs aux attentes et des prévisions renforcées par l'accroissement des dépenses de défense. Les autres branches se comportent bien, tandis que la division spatiale va faire l'objet d'une restructuration. Le titre bondit de 7% en matinée à la Bourse de Paris, ce qui lui permet d'atteindre un plus haut historique.
Les prédictions du marché étaient globalement bonnes : Thales a affiché de solides performances en 2023, avec une accélération de bon augure au 4e trimestre, qui permet au groupe de dépasser légèrement les prévisions. La division DIS (Identité digitale et sécurité) a souffert, ce que plusieurs bureaux d'études avaient prédit. Il y a quand même une très bonne nouvelle, qui renforce la hausse du titre en séance : la génération de trésorerie, qui a atteint 2 Mds€ sur l'année, était bien plus élevée que prévu. Les objectifs 2024 sont en ligne avec les attentes du marché : 19,9 Mds€ de revenus et 11,85% de marge d'EBIT ajustée au point médian. En parallèle, Thales lance une opération de restructuration dans sa division spatiale. L'objectif est de permettre à cette branche, chahutée par les soubresauts des programmes spatiaux européens, de renouer avec une marge de 7% à moyen terme.
Moins spectaculaire que les petits acteurs européens de la défense
Thales profite aussi d'attentes relativement faibles. Les investisseurs avaient un peu délaissé le dossier l'année dernière, après qu'il eut affiché l'une des meilleures performances de la cote européenne durant le difficile exercice 2022 : +59,5% hors dividende, alors que le STOXX Europe 600 avait perdu 12,3% dans le même temps. Pour jouer un secteur de la défense en pleine effervescence, les gérants avaient préféré miser en 2023 sur les outsiders comme Leonardo, Saab ou Rheinmetall, des choix offrant un alpha plus intéressant que les grosses machines comme Thales et BAE Systems, plus diversifiées et moins en retard sur le plan de la valorisation.
Et de fait, les entrées de commandes chez Thales n'ont pas connu l'explosion constatée chez Rheinmetall par exemple, une société qui était un peu au fond du seau avant d'être redécouverte à la faveur du conflit russo-ukrainien. Le groupe allemand, qui publiera ses résultats annuels le 14 mars, avait fait état d'un carnet de commandes en hausse de 135% à 11 Mds€ dans sa division armement au 30 septembre 2023. A titre comparatif, ce même carnet de commandes ressortait à peine à 2,7 Mds€ à la fin de l'année 2020. Entretemps, l'Europe s'est rendu compte qu'elle n'avait plus grand monde pour produire de l'armement et l'Allemagne a découvert que son armée n'existait plus.
Extrait de la présentation du T4 2023 de Thales : carnet de commandes en haut et hausse annuelle moyenne des dépenses de défense de plusieurs pays sur 2024/2026
Mais la publication de Thales est solide et offre au titre un nouveau plus haut historique. Même UBS, qui avait fait flancher l'action récemment en la dégradant à la vente, a dû concéder que les chiffres avaient de quoi satisfaire les attentes, qui étaient assez faibles. Chez Berenberg, George McWhirter se dit "heureux de constater une accélération des prises de commandes dans le domaine de la défense, car Thales a été relativement à la traîne par rapport à certains de ses pairs européens sur ce front". Le groupe revendique 35,2 Mds€ en carnet à fin 2023, un niveau inédit depuis plusieurs années.
Thales se paie un peu moins de 20 fois les profits attendus en 2024, presque à égalité avec BAE Systems… et presque parfaitement en ligne avec la moyenne du titre sur 10 ans (20,2 fois). Pas de décote donc, mais pas de prime non plus : une valeur dont la valorisation apparaît correcte, mais qui peut compter sur le retour de l'Histoire avec un grand H pour améliorer ses résultats dans les années à venir.
Thales figure parmi les leaders européens de la fabrication et de la commercialisation d'équipements et de systèmes électroniques destinés aux secteurs de l'aérospatial, du transport, de la défense et de la sécurité. Le CA par famille de produits se répartit comme suit :
- systèmes de défense et de sécurité (53,4%) : systèmes d'information et de communication sécurisés (systèmes de commandement et de contrôle, systèmes de communication, de protection, de cybersécurité, etc.), systèmes de mission de défense (systèmes de guerre électronique et drones), systèmes terrestres et aériens (systèmes de défense aérienne, de contrôle aérien, systèmes et missiles de défense terrestre, et systèmes optroniques) ;
- systèmes aérospatiaux (28,4%) : équipements d'avionique (équipements de cockpit, de multimédia de cabine, de simulation) et systèmes spatiaux (satellites, charges utiles, etc.) ;
- solutions d'identification et de sécurité numériques (18,2%).
En outre, le groupe détient une participation de 35% dans Naval Group (fabrication d'équipements navals à destination des secteurs de la défense et de l'énergie nucléaire).
La répartition géographique du CA est la suivante : France (29,5%), Royaume Uni (6,6%), Europe (24,8%), Etats-Unis et Canada (14%), Asie (9,4%), Proche et Moyen Orient (6%), Australie et Nouvelle-Zélande (4,4%) et autres (5,3%).