New York (awp/afp) - La chute du transport aérien depuis le début de la pandémie est venue s'ajouter aux déboires de l'avionneur Boeing, qui prévoit de réduire encore ses cadences de production et de licencier encore plus de personnel.

Le groupe était déjà englué dans la crise du 737 MAX, son avion-vedette interdit de vol depuis mars 2019 après deux accidents mortels, quand le Covid-19 a fait plonger les ventes de billets d'avion et temporairement cesser la production dans les usines.

Résultat: Boeing n'a livré que 20 appareils au deuxième trimestre.

Son chiffre d'affaires a chuté de 25% sur la période à 11,81 milliards de dollars, ce qui est moins qu'attendu par les analystes.

Et le groupe a perdu au total 2,4 milliards de dollars.

L'avionneur avait prévenu au printemps que, pour s'adapter au nouveau paysage aérien, ses cadences allaient ralentir.

Alors que les compagnies demandent des reports de livraisons, Boeing prévoit de freiner encore plus les chaînes d'assemblage puisqu'il ne produira plus que 6 appareils 787 par mois en 2021 contre 10 actuellement, ainsi que 2 avions 777 et 777X par mois en 2021 contre 5 actuellement.

Boeing, qui a recommencé à produire des 737 MAX au printemps, anticipe également une augmentation "plus lente que prévu" des cadences de production de l'appareil et prévoit qu'il assemblera 31 appareils par mois début 2022, au lieu de 2021.

Le 737 MAX s'est récemment rapproché de son retour dans le ciel avec une série de vols de certification fin juin mais Boeing n'a pas donné de nouvelles indications sur un calendrier précis.

Son patron David Calhoun a simplement indiqué dans une interview sur la chaîne CNBC que les progrès vers le feu vert des autorités avaient été "fantastiques" et que le processus était "minutieux" et "transparent".

Fin du "Jumbo Jet" 747

Boeing, qui avait déjà prévu fin avril la suppression de 10% de ses postes, soit 16.000 emplois, a prévenu qu'il allait devoir "encore revoir la taille de ses effectifs" au vu de la réduction des cadences.

"Ce sont des nouvelles difficiles, et je sais que cela ajoute de l'incertitude pendant une période déjà difficile", a souligné M. Calhoun dans une lettre au personnel sans donner de précisions sur le nombre de personnes potentiellement concernées. "Nous allons essayer de limiter autant que possible l'impact sur nos employés", a-t-il ajouté.

M. Calhoun a reconnu sur CNBC que la situation à court terme était "devenue plus difficile".

Comme les compagnies aériennes, l'avionneur ne s'attendait pas forcément à une "sorte de deuxième vague du virus" aux Etats-Unis, et "les programmes de vol ne vont probablement pas revenir à la normale aussi rapidement que prévu", a-t-il estimé.

Mais à long terme, le groupe espère toujours que la situation se rétablira d'ici trois ans, d'autant plus que l'arrivée d'un vaccin semble s'accélérer.

Il est ainsi un peu plus optimiste que l'Association internationale du transport aérien (Iata), qui a estimé mardi que le trafic aérien mondial ne retrouverait pas son niveau d'avant-crise avant 2024.

Pour 2020, le trafic devrait chuter de 63% au total, selon l'organisation.

Boeing a pu compter au deuxième trimestre sur la bonne tenue de sa division dédiée à la défense et à l'espace, qui a réussi à stabiliser son chiffre d'affaires quand celui de la division fabriquant les avions commerciaux a plongé de 65%.

Celui de la division consacrée aux services a reculé de 23%.

L'avionneur a aussi officialisé mercredi l'arrêt de la production en 2022 de son mythique appareil 747, que les compagnies aériennes retirent peu à peu de leur flotte.

Lancé en 1970, le "Jumbo Jet" de Boeing peut transporter plus de 600 personnes dans certaines configurations.

Mais une telle capacité - et la consommation de carburant qu'elle implique -, le rendait moins rentable pour des sociétés transportant beaucoup moins de passagers depuis le début de la pandémie de coronavirus.

afp/rp