New York (awp/afp) - Pour Boeing, qui a annoncé mardi un ralentissement de la cadence de production de ses long-courriers 787 Dreamliner après la découverte de nouveaux défauts, les problèmes techniques volent en escadrille.

Cette fois, "l'entreprise a identifié des travaux supplémentaires qui seront nécessaires sur les 787 non livrés", a expliqué le constructeur aéronautique dans un communiqué mardi.

Ce nouveau problème "ne présente pas de danger immédiat à la sécurité aérienne", précise toutefois le régulateur de l'aviation aux Etats-Unis, la FAA, dans un commentaire transmis à l'AFP.

Mais il est suffisamment alarmant pour imposer un changement de calendrier de production et de livraison à ces appareils, anticipe Boeing, dont l'action chutait de 3,40% à Wall Street mardi vers 16H00 GMT.

"La production des 787 sera temporairement inférieure à cinq par mois", détaille Boeing qui "anticipe désormais la livraison cette année de moins de la moitié des 787 actuellement en stock".

"Nous continuerons à prendre le temps nécessaire pour nous assurer que les avions Boeing respectent les standards les plus élevés avant la livraison", écrit encore le constructeur.

Pour l'heure, ces livraisons sont totalement suspendues, a précisé Boeing auprès de l'AFP, tandis que la FAA ne peut pas dire "si des modifications similaires sont nécessaires sur les 787 déjà en service".

Rien que pour le 787, cette nouvelle est la dernière d'une série de mauvaises passes pour le constructeur américain.

Boeing avait déjà découvert en septembre plusieurs vices de fabrication sur le raccord d'une portion du fuselage puis sur le stabilisateur horizontal. Les livraisons avaient alors été suspendues par l'avionneur entre novembre et mars.

Nouvelle interruption des livraisons du long-courrier en mai, le temps de transmettre à la FAA des informations complémentaires à la suite de problèmes de production.

"Près du nez"

Cette fois il s'agit de problèmes "près du nez de certains 787", affirme la FAA, qui se félicite de la découverte de ce vice grâce au système d'inspections mis en place à l'initiative du régulateur.

Ce dernier coup dur "donne l'impression que Boeing n'a pas mis sa maison en ordre de marche et que l'entreprise est à la traîne au moment où l'industrie aéronautique commence à profiter de la reprise", souligne Robert Stallard, analyste pour Vertical Research Partners, dans une note.

Si la sécurité des appareils de Boeing est surveillée d'aussi près, c'est que l'avionneur américain a subi deux crashs de son actuel avion-vedette, le 737 MAX.

Lancé en 2017, l'appareil a été victime de deux accidents rapprochés en 2018 et 2019, qui ont fait 346 morts, en raison notamment d'un défaut du logiciel de commandes de vol MCAS.

Il a été cloué au sol pendant vingt mois avant d'être autorisé à revoler fin 2020... Avant, là encore, que des problèmes électriques dans les cockpits de certains 737 MAX ne conduisent début avril à l'immobilisation temporaire d'une centaine d'exemplaires déjà livrés.

Fin mai, Boeing a par ailleurs accepté de payer au moins 17 millions de dollars d'amende à la FAA pour des problèmes de production sur les 737 MAX et les 737 NG.

Face à ces ennuis techniques à répétition et aux conséquences désastreuses de la pandémie de Covid-19 sur le transport aérien, Boeing accumule logiquement les problèmes d'argent, ayant affiché des comptes dans le rouge durant les six derniers trimestres consécutifs.

Dans ce contexte, ses résultats du deuxième trimestre attendus le 28 juillet seront scrutés.

Au rang des bonnes nouvelles toutefois, Boeing peut toutefois compter sur une reprise des commandes. Fin juin United Airlines a effectué la plus grosse commande de son histoire, comprenant 200 modèles de 737 MAX.

Sur les cinq premiers mois de l'année, le constructeur peut se targuer de 305 commandes pour son MAX, dont 100 par Southwest Airlines et 50 déjà passées par United.

afp/rp