Pas cette semaine : Airbus a annoncé près de 200 commandes provenant de clients non identifiés, rompant avec les règles de l'art de la communication du secteur.

L'avionneur européen a refusé de révéler l'identité des acquéreurs mais, selon des sources industrielles, il s'agit pour une bonne part de loueurs d'avions liés à la Chine, qui connaît une forte demande en transport aérien.

Le directeur commercial d'Airbus Eric Schulz a attribué cette réticence aux tensions commerciales internationales, disant aux analystes que certains clients asiatiques avaient demandé à Airbus de ne pas envenimer les querelles.

"La commande est bien là, que le client soit révélé ou pas", a-t-il dit.

Selon des responsables du secteur, Airbus cherche aussi à gonfler son décompte de commandes lors du salon en incluant des accords avec des clients qui ne sont pas prêts à les annoncer publiquement ou ont besoin d'obtenir un aval. Boeing pourrait lui aussi annoncer au moins une commande émanant d'un client non identifié cette semaine.

Divers facteurs entrent en jeu quand il s'agit de décider de révéler ou non des projets de commandes ou de choisir son moment pour le faire, estime une source.

Airbus compte 80 commandes d'A320neo provenant d'un loueur non identifié, 100 autres pour un monocouloir similaire, plus 14 gros porteurs (huit A350-900 et six A330neo), soit un butin anonyme de 24 milliards de dollars (20,6 milliards d'euros) aux prix catalogue.

Mardi, Reuters a révélé que la première commande de 80 avions provenait du chinois ICBC Leasing.

Selon plusieurs sources sectorielles, la plus grosse commande, pour 100 avions, provient du loueur Avolon, basé à Dublin mais propriété du chinois HNA Group.

"Nous dialoguons constamment avec (les avionneurs) et quand nous aurons une commande à annoncer, nous le ferons", a réagi un porte-parole d'Avolon.

LES INTÉRÊTS DE LA COMMUNICATION BOULEVERSÉS

A la suite de retards de paiements, Airbus s'est retrouvé avec un stock d'A330 valant largement plus d'un milliard de dollars au total et destinés à des compagnies aériennes affiliées à HNA, qui est lourdement endetté, a rapporté Reuters la semaine dernière.

L'un de ces avions a désormais été livré et les autres devraient suivre bientôt.

Avolon appartient à Bohai Leasing, véhicule de HNA, mais la société a modifié sa structure obligataire cette année pour se protéger des difficultés financières de sa maison mère.

Domhnal Slattery, PDG d'Avolon, a dit à Reuters cette semaine que ces mesures fonctionnaient bien, mais il n'a pas souhaité évoquer les projets de commandes de la société.

Les avionneurs signent souvent des contrats tout au long de l'année avec des clients dont ils ne révèlent pas l'identité, en particulier dans des pays comme la Chine où les procédures d'autorisations gouvernementales sont complexes.

Mais lors des salons, les compagnies aériennes et leurs soutiens financiers en profitent souvent pour promouvoir leur stratégie après avoir acquis une nouvelle flotte et des avionneurs comme Airbus et Boeing investissent dans des chalets fastueux pouvant accueillir des conférences de presse.

Airbus est mené par Boeing dans le match aux commandes pour l'instant cette année, mais le cru 2018 de Farnborough réserve peut-être une surprise de dernière minute.

Le patron de la compagnie malaisienne AirAsia Tony Fernandes maintient le suspense sur son éventuelle venue à Farnborough pour confirmer une commande d'A330neo à Airbus ou lui préférer Boeing et son 787.

Même si Tony Fernandes a déclaré mardi ne pas avoir l'intention de venir au salon, une source industrielle a dit qu'au moins un avion était en attente pour le patron d'AirAsia en cas d'avancée dans les négociations.

(Cyril Altmeyer pour le service français, édité par Véronique Tison)

par Tim Hepher

Valeurs citées dans l'article : Airbus SE, Boeing Company (The), Airasia Group BHD