Oslo (awp/afp) - La compagnie à bas coûts Norwegian Air Shuttle a quasiment quadruplé ses pertes au premier semestre, conséquence de la pandémie de Covid-19 qui a paralysé le secteur du transport aérien, selon ses comptes publiés vendredi.

Chute de 71% du nombre de passagers transportés, 8.000 salariés congédiés ou mis au chômage technique, 140 avions cloués au sol: comme ses concurrentes, Norwegian a durement souffert de la crise sanitaire qui l'a obligée à une "hibernation".

"C'est la plus grosse crise dans l'histoire de l'aviation depuis la Seconde guerre mondiale et cela nous a bien sûr également affectés", a déclaré le directeur général, Jacob Schram, lors d'une présentation.

La troisième low cost européenne a essuyé une perte nette semestrielle de 5,4 milliards de couronnes (550 millions de francs suisses) contre 1,4 milliard un an plus tôt. Sur le seul deuxième trimestre, elle a perdu 1,5 milliard de couronnes.

Norwegian a échappé à la faillite grâce à un plan de sauvetage qui lui a permis de convertir une partie de sa dette considérable en actions nouvelles, remplissant ainsi les conditions par le gouvernement norvégien pour l'octroi de garanties, qui ont totalisé 3 milliards de couronnes.

"Il ne fait aucun doute que (...) nous aurons besoin de davantage d'aides (...) pour traverser l'hiver", a dit M. Schram.

L'action reculait de plus de 7% en milieu de journée, portant à... 97% sa chute depuis le début de l'année.

Pas de normalisation avant 2022

Pour se maintenir en vie, la compagnie a aussi procédé à une augmentation de capital, la quatrième en un peu plus de deux ans, taillé dans ses coûts, placé des filiales suédoises et danoises en faillite, vendu des appareils et annulé la commande de 97 Boeing (92 737 MAX et 5 787 Dreamliner).

Sans surprise, le chiffre d'affaires s'effondre de 65% sur le semestre, à 7,14 milliards de couronnes. Au deuxième trimestre, il ressort divisé par dix, à seulement 632,5 millions.

Après n'avoir exploité que sept à huit avions sur les lignes intérieures norvégiennes pendant plusieurs mois, la compagnie a rouvert 76 routes depuis le 1er juillet et 20 appareils sont en service aujourd'hui.

Si elle veut continuer à accroître son trafic progressivement, elle dit ne pas tabler sur une normalisation de ses opérations avant 2022.

Avant même la crise sanitaire, Norwegian, pionnière du low cost dans le long courrier, pâtissait d'une expansion ambitieuse enrayée par les difficultés rencontrées avec ses nouveaux appareils censés doper sa rentabilité, car économes en carburant.

Les Dreamliner ont eu des problèmes avec leurs moteurs Rolls-Royce tandis que tous les 737 MAX, dont la compagnie possède 18 exemplaires, ont été cloués au sol après deux accidents mortels subis par Ethiopian Airlines et Lion Air, attribués à une faille technique.

"Nous ne voyons pas les Max revoler en 2020", a indiqué le directeur financier de Norwegian, Geir Karlsen. "Nous pensons qu'il faudra attendre 2021 avant que les Max reviennent dans le ciel".

Norwegian a lancé fin juin une procédure judiciaire contre Boeing pour obtenir des dédommagements.

afp/fr