Paris (awp/afp) - Safran table sur un fort rebond de son activité entre 2021 et 2025 après le profond trou d'air dû à la pandémie, misant sur la reprise du trafic aérien et la réduction de l'empreinte carbone de l'aviation pour conforter ses positions.

Le motoriste et équipementier aéronautique a indiqué jeudi, à l'occasion d'une journée investisseurs, qu'il s'estimait "bien positionné pour faire face à la dynamique de croissance du marché aéronautique".

"Aujourd'hui le pire est derrière nous, même si le Covid n'est pas encore terminé comme le démontre le nouveau variant Omicron qui crée des incertitudes à court terme", a affirmé son directeur général Olivier Andriès lors d'une conférence de presse.

Si Safran a "perdu trois années de croissance" avec l'effondrement du trafic aérien en 2020 et l'hibernation du secteur aéronautique (son activité s'est effondrée d'un tiers en 2020 à 16,5 milliards d'euros), le groupe mise sur une croissance de son chiffre d'affaires ajusté de "plus de 10%" sur la période 2021-2025.

A l'appui de ces prévisions, le groupe prévoit un retour du trafic aérien moyen-courrier -marché sur lequel il est le plus présent- à son niveau d'avant-crise à la fin 2022 et une croissance de trafic de 4,8% par an entre 2023 et 2025.

Cette "très grande confiance dans la capacité de Safran à rebondir" repose également selon M. Andriès sur sa "présence sur les quatre plateformes avions qui vont représenter dans les dix ans à venir 90% des livraisons".

Le groupe équipe en effet de ses moteurs Leap la totalité des Boeing 737 MAX et plus de la moitié des Airbus A320. Il fournit également de nombreux équipements pour ces appareils, de même que pour les long-courrier A350 et B787.

Les livraisons de Leap, qui devraient atteindre "environ 900" en 2021, contre 1.700 en 2019, vont "augmenter à nouveau pour atteindre 2.000 moteurs à partir de 2023", prévoit ainsi le motoriste.

Moteur "ultrafrugal"

Enfin, avec son "positionnement avec une flotte de moteurs jeunes" de Leap et de CFM-56 de précédente génération, Safran peut compter sur l'activité la plus rentable du groupe: les opérations d'entretien des moteurs.

Avec une flotte de 11 ans de moyenne d'âge quand les avions sont en général retirés du service après 23 ans, Safran dispose donc d'une grande visibilité sur ces activités de services pour moteurs civils qui devraient croître d'environ 15% par an d'ici 2025 et tirer l'ensemble des revenus du groupe.

Sur l'ensemble de la société, également présent dans la défense, la marge opérationnelle courante "devrait atteindre 16% à 18% à l'horizon 2025", soit cinq points de plus qu'en 2021.

Safran, qui comme l'ensemble du secteur vise la neutralité carbone à l'horizon 2050, entend également accélérer ses dépenses de recherche et technologie (R&T), maintenus pendant la pandémie, notamment grâce au soutien public. Il compte les porter à 4,2 milliards entre 2021 et 2025, dont 1,4 milliard provenant de financements publics.

Il consacrera la moitié de ses dépenses au programme Rise développé avec son partenaire américain General Electric. Les recherches portent sur des technologies de rupture en vue d'un futur moteur "ultrafrugal" à l'horizon 2035 qui consommerait 20% de carburant en moins et donc réduirait d'autant les émissions de CO2.

Dans le domaine de la défense, où Safran occupe d'importantes positions de niche (moteurs des chasseurs Rafale, équipements optroniques, de navigation), le groupe entend regarder des "opportunités d'acquisition ciblées" au cours des prochaines années, ainsi que dans le domaine des équipements aéronautiques, selon M. Andriès.

En revanche, le groupe, qui a acquis en 2018 l'équipementier Zodiac Aerospace, spécialisé dans les systèmes embarqués d'avion ou encore l'aménagement de cabine, a par ailleurs indiqué qu'un "examen de portefeuille" permettait de conclure que 70% des activités issues de Zodiac étaient "confirmées comme essentielles", les 30% restant étant "en cours de revue" en vue d'une éventuelle cession.

Ces cessions, qui auraient lieu "dans les deux ans qui viennent", concerneraient des "activités qui n'ont pas de composante après-vente", donc moins rentables, selon le directeur financier Pascal Bantegnie.

afp/rp