Qu’on prenne par exemple le cas de Coca-Cola, l’un des monstres sacrés du SP500, dont le prestige est encore rehaussé par son actionnariat au premier rang duquel figure Berkshire Hathaway avec 9.3% du capital. 

Sur les dix dernières années, c’est-à-dire entre 2016 et 2024, Coca-Cola a généré un profit cash — ou cash-flow libre — total de $68 milliards, changements de périmètres inclus. A partir de ceux-ci, $64 milliards ont été distribués aux actionnaires en dividendes. 

En parallèle, $16 milliards étaient orientés vers les rachats d’actions, tandis qu’en parallèle l’endettement net augmentait de $10 milliards pour financer ces transactions. Et pourtant, sur une base diluée, le nombre de titres en circulation n’a guère diminué puisqu’il est passé de 4.37 milliards en 2016 à 4.32 milliards en 2024.

Tant d’argent pour si peu, donc, et une explication vite trouvée : la véritable vocation de ces rachats d’actions n’était en réalité que d’annuler la dilution causée par les émissions de titres liées aux stock-options, qui chez Coca-Cola — au contraire des groupes du secteur de la technologie — ne concernent qu’un petit nombre de cadres, mais n’en sont pas moins extrêmement lucratives. 

Comme Zonebourse l’a souvent dit dans ces colonnes, les rachats d’actions devraient dans ce cas être assimilés à une charge d’exploitation plutôt qu’à un retour de capital aux actionnaires, puisqu’ils s’inscrivent en premier chef dans la rémunération des équipes dirigeantes. 

Certains communiqués de presse ou effets d’annonces peuvent donc être trompeurs. Même un monstre sacré de la cote comme Coca-Cola n’échappe pas à la légitime suspicion qui doit alors s’exercer. 

Il en faudra manifestement davantage pour contrarier le marché, qui continue de se concentrer sur l’impressionnante croissance du dividende de Coca-Cola — multiplié par cinq en vingt ans — et de valoriser le groupe sur des multiples au-dessus de leurs moyennes historiques, là où son rival de toujours PepsiCo rencontre lui certaines difficultés.

Voir à ce sujet Terrain subitement glissant pour PepsiCo et Coca-Cola vs. PepsiCo : le match boursier.