Banquiers vs Traders : Toujours les mêmes qui trinquent
Par Franck Morel
Hier s’est ouvert le procès de Fabrice Tourre, alias « Fabulous Fab ». L’ancien trader star français de chez Goldman Sachs doit répondre de ses actes dans le cadre du scandale « Abacus », nom d’un produit d’investissement complexe que notre "frenchie" aurait mis au point en 2006 pour répondre à une demande d’un fonds alternatif géré par le milliardaire et désormais célèbre John Paulson.
Goldman Sachs ne craint rien avec cette procédure qui s’ouvre, ils ont acheté leur tranquillité pour 550 millions de dollars. Le dossier est clos, il ne reste plus qu’un risque potentiel d’image, c’est pour cette raison que Goldman Sachs paye les frais d’avocat de Fabulous Fab. En attendant, la banque américaine a annoncé aujourd’hui un bénéfice trimestriel largement au-dessus des attentes de 1.8 milliard de dollars grâce à… son activité de trading obligataire.
Celui qui risque de trinquer est une nouvelle fois le petit soldat : Fabrice Tourre.
Et ce n’est pas la première fois que la justice s’en prend aux derniers maillons de la chaîne. C’est même récurrent depuis 2008.
Pour rappel, Jérôme Kerviel vient d’être économiquement assassiné, ce dernier devant pour le restant de ses jours vivre d’amour et d’eau fraîche et rembourser 4.9 milliards d’euros à la Société Générale. Allez mettre une telle somme de côté en France avec les taux d’imposition que nous connaissons ! Boris Picano Nacci, l’ancien trader d’une trentaine d’année pour la Caisse d’épargne qui s’est brûlé les ailes sur une stratégie de vente de volatilité doit lui rembourser « seulement » 315 millions d’euros. Kweku Adoboli, ancien trader d’UBS, 32 ans, s’en sort bien, il a pris 7 ans de prison (dont 3 ans fermes).
Quand la banque saute, c’est le trader qui trinque. A ce rythme, les traders seront bientôt en voie de disparition !
C’est tout de même incroyable que les banquiers ne soient techniquement pas capables d’empêcher des être humains, par définition faibles et cupides, de cliquer sur une souris pour transmettre des ordres de plusieurs milliards d’euros, après avoir passé des journées entières devant quatre écrans remplis de cotations qui clignotent…
Vous qui êtes un investisseur, imaginez que votre courtier en ligne vous permette de passer des ordres avec six zéro de plus que ceux auxquels vos capitaux vous donnent droit ? Les prisons seraient pleines…
La profession de « trader » est désormais tellement méprisée du grand public que le terme est utilisé à toutes les mauvaises sauces pour représenter le mal dans toute sa splendeur. Dernier exemple en date lorsque Benoît Hamon, notre ministre « chargé de l’économie sociale et solidaire et de la consommation » utilise au journal de 20 heures, probablement pour la première fois de sa vie dans ce contexte, le terme de « trader » pour parler du négociant en plat surgelé qui nous a mis du cheval dans nos lasagnes.
Cet acharnement contre les traders, mené par nos politiques et relayé par la presse, est un leurre pour atténuer la responsabilité et l’incompétence en gestion du risque des banquiers et en gestion tout court de nos politiques… Mais comment dire à nos banquiers qu’ils sont incompétents et leur demander en même temps de souscrire aux emprunts de nos états en faillite ?
Traders, unissez vous ! Il faut sauver notre image et la profession. Nous voulons des jours fériés, la sécurité de l’emploi, un suivi médical et psychologique, la mise en place de primes de risque et la retraite à 35 ans !